Chauffe Marcel
Comme en ce moment, je suis en plein dans la découverte de l'alto, sa vie, son oeuvre, sa sonorité pleine et chaleureuse, j'écoute avec ravissement ceci
ou ceci
dont l'indication de tempo (noire=600-640 Rasendes Zeitmass. Wild. Tonschönheit ist Nebensache) me remplit d'aise et correspond tellement bien à tout ce qu'est l'alto. Je traduis pour les malcomprenants: il s'agit de mettre entre 600 et 640 (on n'est pas des chiens) noires à la minute, donc de jouer "à toute vapeur", "sauvagement", en ayant bien en tête que "la beauté du son n'est pas une priorité".
Cette musique vibrante a une autre propriété étonnante et bien singulière: elle détraque complètement le cher-et-tendre-o-mètre. Ah, vous ne savez pas ce que c'est? Eh bien, c'est un capteur très précis (technologie allemande, mindestens) que s'est fait greffer le cher-et-tendre entre ses deux oreilles, et qui lui permet de façon infaillible de diagnostiquer si une musique est postérieure ou non à 1875. Si cette musique est postérieure à 1875, le capteur lui fait automatiquement froncer les sourcils et passer de l'état enjoué à l'état grognon puis lever le doigt en disant: "ah, de la musique contemporaine... mais c'est vraiment affreux, comment peux-tu écouter des choses pareilles". Alors qu'avec cette musique-ci le cher-et-tendre-o-mètre se détraque complètement puisque le cher-et-tendre garde son aspect enjoué voire chafouin, et lève le doigt en disant: "Ah, c'est joli, ça. C'est du Bach, non? du Haydn, alors". Etonnant Hindemith. (Tiens, faudra que j'essaie avec la sonate pour alto seul de Ligeti)