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zvezdoliki
21 mars 2006

Stéphane Degout au Châtelet

Ah ! voilà un chanteur avec à la fois une belle voix, puissante, souple et jeune (oui, c'est important pour un chanteur), et un vrai talent de diction. Et qui chante bien à la fois en français et en allemand. Sorti emballé, bien davantage qu'après certains récitals - je pense à ceux d'un Le Roux ou d'un Fouchécourt...

Un beau programme, avec deux fils conducteurs: la ballade et la mélodie française, avec une alternance d'oeuvres rares à d'autres plus visitées. Je détaille (désolé pour la longueur).

La première partie était consacrée à l'univers de la ballade : des poèmes narratifs, renvoyant à un Moyen-Age légendaire.

  1. Beau coup d'éclat pour commencer avec les trois ballades de Villon mises en musique par Debussy.
  2. Après cette musique élégante et un peu abstraite, cap sur une musique plus narrative, avec Le nain de Schubert.
  3. Balthazar opus 57 de Schumann (génial), l'histoire de ce roi de Babylone qui blasphème et qui voit une main écrire sur le mur blanc des lettres de feu avant d'être assassiné ! la musique passe du vacarme des applaudissements au marasme;
  4. Die drei Zigeuner de Liszt (Wie man's verraucht, verschläft, vergeigt) : une musique élégante et pittoresque ;
  5. Der Feuerreiter, de Wolf /Mörike, chanté avec un tempo lent et sans en faire des tonnes (quand certains se croient chez Walt Disney);
  6. encore une découverte pour moi, la Ballade de la fille noyée, de Weill Brecht (accent mis surmit vielem Aas : elle fut charogne entre tant de charognes - sympathique vision finale);
  7. et pour finir en beauté, Le roi des Aulnes (chanté là aussi sans en faire trop).

Seconde partie : mélodie française.

  1. Pour commencer, trois chefs d'oeuvre extraits des Fêtes Galantes (Debussy/ Verlaine): les Ingénus (Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous - tout fou - ; et la fin: les belles, se pendant rêveuses à nos bras/ Dirent alors des mots si spécieux, tout bas/ Que notre âme, depuis ce temps, tremble et s'étonne) ; Le faune (ce n'est qu'à la fin qu'on comprend pourquoi boulingrin rime avec tambourin et à quoi faisaient allusion à la fois le carcan rythmique du piano et celui des rimes croisées du texte) ; Le colloque sentimental (Degout très bien dans l'alternance de la voix lyrique et de celle qui casse l'illusion).
  2. St Saens Mélodies persanes : c'est beau mais bof.
  3. puis le clou (à mon goût: l'alliance de la beauté et du trivial, la concision et l'émotion): Histoires naturelles (Ravel/ Renard). Le Paon (Il va sûrement se marier aujourd'hui (...) La fiancée n'arrive pas. Il jette son cri diabolique: Léon! Léon! C'est ainsi qu'il appelle sa fiancée vraiment, on se marre; quel pince-sans rire). Le grillon (l'émotion terrible terrible de les peupliers se dressent comme des doigts En l'air et désignent la luneLe Cygne (début sublime, puis : Mais qu'est-ce que je dis ? Chaque fois qu'il plonge il fouille du bec la vase nourrisssante et ramène un ver. Il engraisse comme une oie mes voisins étaient interloqués : mais qu'est-ce qu'il chante....). Le Martin PêcheurLa Pintade.

Un peu radin sur les bis (juste le Balcon de Duparc), se dit-on, mais il a un quand même un bon sourire - assez différent, d'ailleurs, de l'expression un peu stricte de la photo officielle du classement de la bogossité (mais on le comprend, ça c'est du sérieux).

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