jeudi 22 novembre 2012
Tamestit dans Bach à Gaveau
Merci à Klari sans qui j'aurais loupé ce concert exaltant consacré aux suites pour violoncelle de Bach transcrites à l'alto (1, 3 et 5 donc sol, do et do mineur). Impressionné par la maîtrise de l'archet de Tamestit, qui retient parfois des coups d'archet mettant particulièrement en valeur les aspérités rythmiques du discours. Le concert était construit avec le même soin que le concert Hindemith qui m'avait tant plu, avec deux interludes entre chaque suite, le premier avec le sublime 1er mouvement de la sonate de Ligeti, Hora lunga, une musique inspirée qui épuise le potentiel de la corde de do, le second avec l'Elégie de Stravinsky, qui introduit bien le climat de la suite en ut mineur. Public enthousiaste et encombrant (un nombre record de boîtes d'alto). En bis, le cheval de bataille des altistes, le Hindemith "so rasch wie möglich", bien dans son élément naturel pour conclure une soirée d'hommage à Bach.
dimanche 30 janvier 2011
- Et mes fesses? tu les aimes, mes fesses?
Je me suis finalement décidé pour l'alto A, qui a su me convaincre - lentement mais sûrement - de ses multiples qualités sonores et visuelles. Il vous offre ici en exclusivité mondiale la vision de son élégant dos moiré. N'y voyez en aucun cas la marque de mépris d'un Pigumariusu de noble et nippone souche énervé par trois semaines de tergiversations.
mardi 25 janvier 2011
En bref
Très occupé par plusieurs affaires en cours, dont la plus importante, l'achat d'un alto, est aussi la plus feuilletonesque. On dirait qu'une fin heureuse (le japonais non cannibale et le russe d'opérette se marièrent et firent beaucoup de confitures) est en vue. C'est un peu ballot, c'est précisément le moment où j'ai un retour de flamme que je n'avais pas vu venir pour le violon, ces jours-ci.
Au cinéma, que des demi-déceptions: Somewhere, le film de Sofia Coppola (longuet et creux); le documentaire sur Gil Roman et le BBL (la danse, c'est toujours intéressant mais le film est un peu hagiographique comme une vidéo d'entreprise); le documentaire sur Godard et Truffaut, Deux de la Vague (rien de très neuf et beaucoup de déjà-vu); le documentaire de Jia Zhange Ke sur Shanghai (parfois passionnant et porté par des témoignages oraux, mais qui doit quand même davantage parler à un public chinois).
dimanche 9 janvier 2011
A ou B?
A: son grave m'a tout de suite séduit, de même que sa jolie couleur rouge. Sur les cordes intermédiaires, ça se gâte un peu, mais je n'arrive pas à faire la part des choses entre ce qui vient des cordes (qui sont fatiguées et qu'on peut changer) et ce que la bestiole a pour de vrai dans le coffre. Autre désagrément, il est souvent très faux, avec des chevilles vraiment dures à tourner, et, cerise sur le gâteau, il sent le tabac. C'est un Japonais des années 70, qui a joué tout le répertoire au fond d'un orchestre. C'est un alto qui m'a plu tout de suite, puis moins, puis de nouveau davantage (notamment après deux avis précieux et experts pointant son potentiel). Après, évidemment, il y a d'où il vient et à qui il va falloir faire de la peine si je dois dire que je ne le prends pas, mais c'est un autre problème.
B: il sonne comme un trombone, et ça m'a déplu de prime abord. Lui est arménien et il est presque neuf, il n'a pas été beaucoup joué (ce qui implique qu'il va falloir le faire). Il est moins grand que l'autre (même si la caisse a la même longueur) et j'ai beaucoup de facilité à le jouer. Il n'est pas très joli, le vernis n'est pas très recherché. A force de le jouer (je l'ai depuis une bonne semaine), il finit par me plaire, et les autres altos que j'ai en dépôt sonnent un peu éteint à côté. Il sonne sans doute un peu comme un gros violon, alors que quand on est violoniste et qu'on passe à l'alto, on a envie de graves chaleureux et d'un gros beau matou à faire ronronner. M me dit qu'il est trop riche en harmoniques aigües, et qui si on filtre le son, on perdra peut-être les aigüs mais aussi de la puissance. Quand je commence à jouer A puis B, le son de B me paraît inutilement agressif.
(je mets de côté C, qui est deux fois plus cher et pas vraiment plus convaincant, D qui traîne une histoire affreuse derrière lui - et je ne suis pas superstitieux, mais enfin sait-on jamais - et E qui est vraiment trop grand et trop lourd)
Alors? A ou B?
mardi 23 novembre 2010
Hindemith/alto/Tamestit
Quatre sonates de Hindemith, deux alto/piano (opus 11 n°4 et opus 25 n°4) et deux alto seul (opus 11 n°5 et opus 25 n°1). Concert excitant comme rarement: ce n'est pas si fréquent de découvrir une musique nourrissante, variée et neuve. Je connaissais les deux sonates pour alto seul, mais en disque seulement, et pas du tout celles avec piano. Petit speech chaleureux de Tamestit, expliquant son attachement à cette musique (son premier disque d'alto....) et précisant le parcours du concert: les deux sonates de l'opus 11 sont encore sous les influences croisées de Bach, Debussy et un peu Brahms, alors que dans celles de l'opus 25, Hindemith trouve sa voie, marquée par une virtuosité plus canalisée, un goût pour le motorisme, les machines qui s'emballent.
- opus 11 n°4: en 3 mouvements, avec piano. Etonné car le premier mouvement ("Phantasie") sonne comme du Brahms, une mélodie très puissante sur laquelle se superposent des fusées de notes extrêmement rapides (comme du Debussy). La fin du finale voit l'accélération d'une formule très spectaculaire, comme une démangeaison qu'on n'arriverait pas à dominer....
- opus n°11 n°5: celle qui sonne comme un hommage à Bach, avec une passacaille finale avec section médiane comme dans LA Chaconne. C'est aussi celle avec un scherzo à glissandi, très amusant.
- opus 25 n°1: celle où les deux premiers mouvements pérorent sur la même formule, mais à une vitesse de défilement différente. Ensuite, deux sublimes mouvements lents (dans le III, Tamestit était vraiment magnifiquement inspiré ce soir, avec des pp à pleurer) encadrent le morceau de bravoure à 640 à la noire, une musique sauvage et qui fait sonner tout l'instrument.
- opus 25 n°4: encore en 3 mouvements, avec piano. Dans le 1er mouvement, le piano donne le ton avec un thème très belliqueux et marqué. C'est répétitif, mais avec une grande variété de schémas rythmiques (pour ça, c'est mieux que du Steve Reich). Le dernier mouvement est très spectaculaire car les instrumentistes se font des sales coups en se coupant la parole; au milieu, une étonnante section où l'alto tricote, mezza voce.
En bis, une Méditation, toujours de Hindemith, mais des années 30 (plus en ligne avec ce que je connaissais du compositeur)
mercredi 5 mai 2010
Eh bien j'en connais un qui avait l'air franchement jaloux de ne pas avoir été emmené à Cologne
Indice: il sonne une quinte augmentée plus bas que son petit frère qui a fait des pirouettes acrobatiques, ce week-end à Cologne, et a sorti un son de scierie vosgienne d'après l'apocalypse d'alto renfrogné quand j'ai vainement tenter de le réapprivoiser, ce soir. Dommage car il va beaucoup servir ce week-end.
lundi 26 octobre 2009
Chauffe Marcel
Comme en ce moment, je suis en plein dans la découverte de l'alto, sa vie, son oeuvre, sa sonorité pleine et chaleureuse, j'écoute avec ravissement ceci
ou ceci
dont l'indication de tempo (noire=600-640 Rasendes Zeitmass. Wild. Tonschönheit ist Nebensache) me remplit d'aise et correspond tellement bien à tout ce qu'est l'alto. Je traduis pour les malcomprenants: il s'agit de mettre entre 600 et 640 (on n'est pas des chiens) noires à la minute, donc de jouer "à toute vapeur", "sauvagement", en ayant bien en tête que "la beauté du son n'est pas une priorité".
Cette musique vibrante a une autre propriété étonnante et bien singulière: elle détraque complètement le cher-et-tendre-o-mètre. Ah, vous ne savez pas ce que c'est? Eh bien, c'est un capteur très précis (technologie allemande, mindestens) que s'est fait greffer le cher-et-tendre entre ses deux oreilles, et qui lui permet de façon infaillible de diagnostiquer si une musique est postérieure ou non à 1875. Si cette musique est postérieure à 1875, le capteur lui fait automatiquement froncer les sourcils et passer de l'état enjoué à l'état grognon puis lever le doigt en disant: "ah, de la musique contemporaine... mais c'est vraiment affreux, comment peux-tu écouter des choses pareilles". Alors qu'avec cette musique-ci le cher-et-tendre-o-mètre se détraque complètement puisque le cher-et-tendre garde son aspect enjoué voire chafouin, et lève le doigt en disant: "Ah, c'est joli, ça. C'est du Bach, non? du Haydn, alors". Etonnant Hindemith. (Tiens, faudra que j'essaie avec la sonate pour alto seul de Ligeti)
mardi 22 septembre 2009
Journal d'un mutant (1)
* C'est que la bestiole, ça fait hypermal aux doigts. On sent la corde vrombir sous le doigt comme un jet à réaction - on se croirait à Mururoa en 95. Le pire, c'est sur la corde de do, mi deuxième doigt - la 4ième doigt. C'est transhumain. En bref, je manque de corne, il va falloir se durcir un peu le bout des doigts. C'est fini la vie de seigneur du violoniste!
* Un autre truc différent du violon: au violon, on tient son violon sans le bras (uniquement par l'épaule). Là je n'y arrive pas réellement (ça fait mal à la mâchoire). Alors? il faut chiquer? mâcher plusieurs chewing-gums matin midi et soir pour avoir la mâchoire carrée? à la Schwarzenegger? Hum.
samedi 19 septembre 2009
Noël, Noël: la petite bête est arrivée
* Enfin, bon.... la petite bête ... bien que toute jeune, elle est quand même beaucoup plus grosse que mon violon.... (quand je pense que le luthier m'aurait bien vu en 41 1/2! hého! ça n'est pas écrit "je suis un bûcheron canadien" non plus!)
* Comme le luthier ne louait pas le coussin avec, j'ai dû écumer le quartier pour trouver un coussin d'alto (inutile d'essayer les merceries). Eh bien le coussin est lui aussi gigantesque... et comme la boîte est ridiculement petite, je me demande où le mettre (au contact de la crosse et du manche ? mais ça ne craint - crin - pas?)
* Après le coussin, je suis allé acheter des partitions pour démarrer: un assortiment de choses indispensables-mais-rébarbatives (deux méthodes d'alto que m'a conseillées la fille de la Flûte de pan - qui m'a dissuadé d'un air catégorique d'acheter le Sevcik - oui oui j'ai été faible et n'ai pas cherché à insister) et des choses irrésistibles-mais-injouables (parce qu'on est aussi là pour se faire plaisir, donc les suites pour violoncelle seul de Bach transcrites pour bestiole, la sonate Arpeggione version bestiole, l'opus 120 de Brahms version bestiole)
* Une fois revenu dans l'intimité du domicile conjugal, j'ai déballé la petite bête et j'ai commencé à la cajoler. Alors: il va vraiment falloir que je force sur le tartare de boeuf et/ou la piscine, parce que ça demande une de ces énergies ! je ne vous dis pas. Je suis finalement très content du son de la petite bête. Les deux drames du moment: ça siffle un peu et j'ai tendance à racler les cordes adjacentes sans faire exprès (surtout quand ça va vite)... Sans parler du drame classique du violoniste mutant, la sueur qui perle quand il voit des notes sur la partition comme un mi grave sous le sol (j'ai même vu un si# grave ! j'ai cru que j'allais écrire à l'éditeur). Mais quel bonheur de chanter sur les cordes graves! quelle générosité dans le son. Au bout d'une heure j'ai même réussi à trouver le bouton "piano" et à jouer en faisant les nuances. A la fin j'ai déballé le violon, pour comparer - j'ai trouvé ça ridiculement petit! et mesquin (à suivre)
mardi 15 septembre 2009
Trois nouvelles fraîches
- Hier, ma coiffeuse – enfin, plutôt, une collègue du type qui me coiffe habituellement, qui n'était pas là hier soir - me demande [sic] si je me suis fait une couleur récemment. C’est une première. Je suppose qu’elle a voulu être aimable. Si je suis très brun, elle m’a l’air quand même assez blonde.
- Les chiens mordent de nouveau, c'est cyclique (je ne traduis pas, démerdez-vous, j'ai lu ça chez Phil Suttle): An economic downturn has broad ripple effects. Capitalists fire workers. Workers go home and take it out on their spouse. The spouse whacks the dog. And dogs bite back. After a number of years of steady decline in insurance claims paid out for dog bites, the amounts paid out by U.S. insurance companies rose by 8.7% last year, and is up 21.4% from a cyclical low in 2004.
- J’ai décidé d’arrêter l’orchestre (non, pas çuilà - qui est encore en gestation - l'autre).