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zvezdoliki
haydn
13 mai 2008

Ce soir c'était le concert d'adieux des Berg à Paris. Merci pour tout! merci! merci!

 

Haydn: opus 77 n°1 en sol majeur. Somptueux second mouvement avec un thème hymnique; mi bémol majeur, forme sonate. En plein dans le développement, le discours s'interrompt sur un do long. Suit le thème en ré bémol, sur des marches harmoniques qui remettent le discours en marche. C'est très étonnant. Scherzo fou fou fou avec le 1er violon qui gamberge dans le suraigu. Finale rythmique, solaire et dansant. Haydn énonce trois fois le thème dans une harmonisation et une texture différentes.

Berg: quatuor opus 3. Deux mouvements, l'un assez lent, l'autre plus rapide. Grande intégration: on retrouve la tête de thème rapide à 6 notes partout. Grande variété de modes de jeu. Autant le premier mouvement est en demi-teinte, autant le second baigne dans une atmosphère de catastrophe. Suis largué dans l'analyse formelle (il faudra jeter un oeil à la partition).

Beethoven: opus 132 en la mineur. 1er mouvement: la cellule de l'"introduction" (un demi-ton ascendant, un demi-descendant), on l'entend partout dans le mouvement. L'exposition va de la mineur à fa majeur, le développement passe beaucoup de temps en mi mineur puis en do majeur (avec le "deuxième thème", au point que je finis - erreur fatale ! - par croire que nous sommes déjà dans la réexposition); la réexposition va de la en la, avec une grande âpreté et une étonnante intensification du discours, de plus en plus dramatique (il faut bien marteler dans la tête des mal comprenants -comme moi - que c'est un quatuor en la mineur). Deuxième mouvement en la majeur: petits jeux rythmiques qui donnent le mal de mer (à la Haydn), puis musette bien stable pour retrouver les vraies valeurs (et des temps forts bien marqués). Le troisième mouvement est le sublime chant de reconnaissance en mode lydien (ça finit sur un fa et il n'y a rien à la clé); c'est à pleurer. Les Berg alternent savamment son blanc et vibrato serré. Après un sas de décompression un peu opératique (marche puis récitatif), on revient à une couleur plus tendue dans le très beau finale en la mineur, localement plein de cris et de dissonances. Qui finit dans un la majeur d'adolescent amoureux, avec le violoncelle qui perd la tête à chanter ces notes éperdues en clé de sol (est-ce raisonnable ? non, pas du tout)

C'étaient les adieux des Berg à Paris. J'ai passé mon année d'armée - en 1987 - à écouter leur enregistrement des quatuors de Bartok, qui venait de sortir; c'est aussi par eux que j'ai découvert les quatuors de Mozart et de Beethoven, au disque. Je les beaucoup vus au concert à Paris. Au début, j'ai eu la ferme intention de voir tous leurs concerts, mais je dois bien avouer que cela faisait longtemps que je ne les avais pas vus (au moins 4 ans et demi si j'en crois ce blog; je n'avais jamais vu Isabel Charisius). C'est un quatuor que j'ai beaucoup aimé (maintenant je préfère peut-être les Borodine)... le son, le vibrato... cette souplesse dans le discours (il n'ya que Pichler pour anticiper les temps faibles à ce point....n'importe quel élève de conservatoire se ferait taper les doigts s'il jouait comme cela) ... leur sens du répertoire (que du nourrissant! et un quatuor du XXième siècle par concert, c'était dans le cahier des charges de la la veuve). Ils ont su partir au mieux de leur forme.

 

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28 mai 2007

Haydn à l'Epau (24h au Mans (et ailleurs))

Ce week-end, petite balade au Mans pour découvrir le festival de l'Epau, consacré cette année à Haydn. L'Epau: un festival à la programmation impeccable, plus gommettes que paillettes, dans le beau décor d'une abbaye cistercienne, en banlieue du Mans. Le hasard du calendrier a voulu que nous assistions, les deux Philippe et moi, à la soirée rigolade de ce festival: dans le dortoir des moines, un programme de vendredi saint, avec la météo qui allait avec.....

  • à 18h30, le Stabat Mater (de Haydn):

Oratorio en treize numéros d'un Haydn qui en 1767 n'a pas encore sauté le pas du style classique. Une musique contemporaine des grands Stabat italiens, pas vraiment passionnante. Il faut bien convenir que sur un texte aussi mauvais, c'est difficile d'écrire une belle musique. L'intérêt de l'auditeur se porte surtout sur chacun des douze excellents choristes du choeur Bernard Têtu, que l'on a l'occasion d'entendre chacun séparément ou par petits ensembles. J'ai aimé les deux airs de basse (complètement Sturm und Drang et Dieu sait pourquoi moins gnangnan que le reste) et les morceaux avec choeurs, surtout le n°7, juste au centre.

  • à 21h, Les Sept Paroles du Christ en croix.

Grand concert, magnifique interprétation du quatuor Ysaÿe que je n'avais jamais vu aussi en forme. Chacune des paroles du Christ en croix était commentée par Michel Serres (une lecture au plus près des textes) et illustrée par des photographies de Gérard Rondeau. De quoi laisser respirer chacun de ces mouvements lents particulèrement denses. Pas évident de mettre en lien le texte et le commentaire, parfois aussi étrangers l'un à l'autre que les deux textes de W. Néanmoins, jubilation intense quand Serres explique que "Aujourd'hui, tu seras avec moi au paradis", c'est la croyance que la vie du bon Larron, une vie encore plus ratée que le naufrage social complet que représente la vie du Christ, peut être transfigurée in extremis par une parole. Et bien la musique de Haydn c'est exactement ça : dans cette forme sonate, le second thème succède sans transition aucune au premier thème, dont il reprend exactement la musique, mais en majeur, aussi héroïque et beethovénienne que le début était désolé et catatonique. J'ai aussi un faible pour "J'ai soif" et ses pizz étranges. Il faudrait citer les beautés de tous ces mouvements lents météoriques.

Et aussi

  • Roulé sur le circuit des 24h du Mans (avec Philippe[s] comme pilote dans la ligne (presque) droite des Hunaudières)
  • Ai croisé dans les allées de l'abbaye deux blogostars à la retraite, l'homme aux chaussures rouges (ce soir-là sans chaussures rouges ni gommettes (mais pas non plus va-nu-pieds)) et le très-souriant H (qui incidemment cherche une pension de famille avec piano près de la rue de Madrid, écrire à la rédaction qui transmettra).
  • Vu des fresques plus anciennes et plus belles que celle-ci, dans une vallée du Loir moins endormie qu'il n'y parait.

10 novembre 2006

Brendel au Châtelet

Brendel au Châtelet, hier soir.

En première partie, Haydn: sonate en ré majeur Hob XVI-42 (celle qui commence avec un thème très éclaté + trois variations dont je me rends compte grâce à ce blog qu'il ressemble beaucoup au premier mouvement de cette sonate-là); puis la sonate en sol M D894 de Schubert (un travail sur le son plus qu'une sonate ?).

Mais c'est dans la seconde partie que Brendel a donné la pleine mesure de son génie, une combinaison d'humour et de sens aigü de la construction, sans esbroufe aucune ni aspérités. D'abord avec la magnifique Fantaisie de Mozart en ut mineur KV 475, dont Rosen écrit justement que son matériau, qui n'installe jamais les toniques, est impropre au travail de la forme sonate (même si cet opéra latent est fichtrement construit). Puis du même Mozart, le Rondo en la mineur KV 511, une musique d'une amertume étonnante. Et pour finir, un feu d'artifice avec Haydn et sa sonate en do majeur Hob XVI-50. On a repensé à Zygel dans le premier mouvement; le motif initial revient tout le temps ! Enoncé d'abord dans une version sèche comme un désert d'Arizona ou comme un jeu d'osselets, il revient en version "second thème" noyé sous la pédale et gonflé d'eau.....Brendel joue vraiment sans show off le finale avec ses bifurcations perturbantes, poétiques, imbéciles ou humoristiques. Et en bis, nous dit Laurent, retour à Mozart avec le très bel andante (en fa) de la Sonate n°9 en la mineur K. 310 pour conclure un récital centré sur les classiques.

21 septembre 2006

Haydn Brüggen (2)

On retrouve les héros de la veille à la Cité de la musique: Brüggen avec sa ceinture turquoise, visiblement fatigué et malade, et son orchestre anglais sur instruments d'époque. Ce soir, ce sont des symphonies un peu moins célèbres qu'hier.

J'ai déjà beaucoup parlé ailleurs de la 93. Brüggen prend lentement le mouvement initial et vite le mouvement lent. Dans ce mouvement, je suis déçu par les bois: le solo de hautbois opératique manque de souffle et on a un tout petit petit prout au basson (bien timbré, d'accord, mais qui ne me fait pas tomber à la renverse).

La 95 en ut mineur est la moins excitante des trois symphonies du jour; son premier mouvement commence comme une sonate d'église. Dans le thème et variations qui suit, la dernière variation récapitule astucieusement ce qui s'est passé avant (une bonne idée). Il faudrait regarder plus en détail la forme du finale (à faire).

La 96 est un chef d'oeuvre de bout en bout, avec une pêche et une âpreté toutes beethoveniennes. Dans le mouvement lent, après un grand accord de tutti comme un rideau de théâtre, le discours perd progressivement en densité, c'est une fin chambriste, qui donne l'impression de regretter de devoir s'arrêter. Je trouve le son du hautbois risible dans le ländler central du troisième mouvement (peut-être est-ce à dessein ?). Au début du finale, Brüggen fait magnifiquement sonner les cordes piano puis pianississimo, sans déperdition d'énergie aucune, dans ce thème qui ressemble à une petite balle qui rebondit de pupitre en pupitre. Ce finale est l'un des plus frivoles et irrésistibles de l'oeuvre de Haydn.

20 septembre 2006

Haydn Brüggen (1)

Premier des concerts consacrés aux symphonies londoniennes de Haydn; ce soir comme demain, c'est Brüggen et l'Orchestra of the Age of Enlightenment.

Dans la 103 en mib, toujours le même étonnement devant la bizarre succession des événements dans l'introduction du 1er mouvement: une intrada ce soir fracassante aux timbales (se concluant sur un bruit de bille en métal rebondissant sur un parquet; côté hauteur, difficile d'entendre le mi bémol tellement le son était riche en harmoniques.....) suivie du thème du Dies Irae aux basses à l'unissson (un son ciré comme un parquet d'église anglicane....) puis du même thème au reste de l'orchestre. C'est comme un chiffre mystérieux dont on comprend la fonction à la fin du mouvement....

Dans la 103, j'ai été aussi étonné par le dernier mouvement, qui commence par un appel de cors auquel j'avais peu prêté attention. Il est ensuite répété et sert d'accompagnement au motif d'anacrouse des violons qui sera scandé sans arrêt dans le reste du mouvement; mais l'appel de cors revient aussi. C'est sans doute ce qui lui évite une trop grande sécheresse. La fin est spectaculaire avec les déplacements d'accents qui annoncent le finale de la 3ième de Schumann (et Brahms).

La 102 en si bémol est sans doute une de mes préférées. L'introduction au 1er mouvement étonne par ses tenues de si bémol à l'unisson, tout au début. Ces tenues reviennent dans le deuxième thème (avec des silences) et c'est alors qu'on comprend: elles constituent une antidote au reste du discours de l'exposition, un déluge ininterrompu de doubles croches qui se passent le relais, striées d'accents et de chromatismes, pas très rapides mais redoutables d'énergie. Ce n'est pas un hasard si le développement repose sur ce second thème (et les tenues de l'introduction): cela permet de se recharger en énergie avant le retour des doubles croches. J'adore la fausse réexposition naïve en do majeur, de la flûte, petite grue chétive et isolée, qui se fait couper le sifflet par un roulis de doubles croches.... Magnifique decrescendo imposé par Brüggen à l'orchestre à la coda avant la surprise finale.

Le mouvement lent de la 102 (une sonate) est le plus beau des trois entendus ce soir. J'y reviendrai. Il est parcouru de bout en bout par un influx nerveux de figures ternaires. L'orchestration est très riche: les cuivres et les timbales y jouent souvent, mais on entend aussi des soli (le violoncelle mais aussi les bois). Comme une eau très poissonneuse....

Je découvre en lisant le programme que la 104 en ré est unifiée par une idée thématique: chaque mouvement a un thème comportant une tierce et une seconde (descendante ou ascendante), celui du second mouvement dérive de celui du premier. Honnêtement, je ne l'aurais pas entendu tout seul; c'est un principe d'organisation un peu lâche..... Mon mouvement favori est le finale avec son bourdon et son thème croate. Il a été bissé ce soir.

Un mot de l'orchestre: le démarrage a été un peu poussif dans la 103 (premiers violons faux entre eux - l'absence de vibrato n'arrange rien -, solo de violon trop haut dans le 2ième mouvement, fausse entrée des contrebasses), mais une fois tout le monde dans le bain, ça a vite été magnifique d'énergie et de souplesse (ah...le trio du menuet de la 104.....).

La fête continue demain avec la 93, la 95 et la 96.

(quelques extraits - 102 I et II, 103 I et IV dans la radio-Haydn)

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26 juillet 2006

Les Esteves à l'hôtel de Soubise

Ce soir, beau concert du quatuor Esteves. Un programme plein de substance avec trois gros morceaux: l'opus 77 n°1 de Haydn, les 6 moments musicaux de Kurtag et le 4ième quatuor de Bartok.

l'opus 77 n°1 en sol: Après le 1er mouvement, d'une belle ampleur avec son thème de marche, le grand moment c'est le sublime mouvement lent, une forme sonate monothématique, en mib majeur, avec ses unissons et son thème harmonisé, ses oppositions entre confidences dans l'aigü et cordes graves. Je craque quand le violoncelle prend le thème en main, au debut du pont et à la fin de l'exposition. Scherzo rythmique, avec le violon virtuose dans l'aigu, et un trio en mib pris très vite. Finale foldingue avec une fin jouissive, comme souvent chez Haydn.

le Kurtag: une sorte de suite lyrique en 6 mouvements, les numéros pairs étant rapides et fantasques, les numéros impairs étant lents et funèbres. Dans 1 et 3 (la partie centrale de 3, plus exactement), Kurtag tisse des hoquets, mais ça sonne très différemment des hoquets du jpète-Ligeti, plus lumineux. Successivement:

  • Invocatio (un fragment)
  • Footfalls, un poème d'attente
  • Capriccio humoristique (très swing)
  • In memoriam György Sebök,une musique très forte et véhémente, (avec un do-sol-mi au violoncelle, étrange et repris par tous à la fin)
  • ... rappel des oiseaux... (étude pour les harmoniques), dédié à l’altiste Tabea Zimmermann, une étude de sons flûtés (avec les staccatos du violoncelle qui contrastent)
  • Les Adieux (in Janaceks Manier), adaptation d’un morceau extrait des Jatetok (Jeux) (avec des bariolages et des pizz)

Comme d'habitude j'ai bien aimé les pièces ludiques (3 et 5), mais l'hommage à Sebök m'a semblé aussi très fort. Il faudra un jour que j'écrive ce que j'aime chez Kurtag (la culture musicale et poétique qui nourrit son oeuvre, sans l'étouffer)

le Bartok. Le mouvement lent, si beau, m'a un chouïa déçu, mais les deux scherzos étaient très bien, et le finale ! quelle gifle ! ça fait du bien.

Et en bis: un mouvement lent de Mozart (KV575) démontre définitivement la supériorité de Haydn....

Add: 2 mouvements du Haydn dans la radio idoine

9 mars 2006

le 2ième mouvement de la 93ième symphonie de Haydn

Retour au 2ième mouvement de la 93ième symphonie de Haydn, qui décidément rentre très bien dans le CadreEtroitDeMaTrèsStricteLigneEditoriale. (soyons clairs: ce qui suit va être long et encore plus abscons que cette sentence liminaire).

Quelle musique drôle, concise et variée ! Comme on y respire bien ! Quelle invention dans la forme - à la fois maîtrisée et énigmatique ! Vignal y voit une forme sui generis, qui tient du rondo et de la variation ; il note que le thème revient à 5 moments dans le mouvement, à chaque fois à la tonique (sol majeur), le plus souvent par blocs de 4 mesures, les deux premières, non variées, restant à la tonique (sol majeur) , les deux dernières menant à la dominante (ré). Tout cela est vrai, mais je trouve que c'est un peu court; on ne comprend pas vraiment l'architecture d'ensemble (qui est à la fois cohérente et variée), le pourquoi du prout (ce qui est très très embêtant), ce qu'il y a dans les parties intermédiaires....

J'aurais bien aimé rééditer le coup de force tenté avec le finale du KV428, y voir une forme sonate, pour changer. Ce n'est pas complètement convaincant (il manque le voyage tonique- dominante et sa résolution) mais je me lance à l'eau (je sais, ça fait topoguide, mais j'ai fait le travail et il ne faut pas gâcher). Je vois trois parties dans le mouvement (les numéros de mesures renvoient à la partition)

I- Un thème ironique, tout simple, qui a du mal à décoller du sol (4 modules, mesures 1 à 29, jusqu'à 1'54"):

  • mesures 1 à 8: 4+4; deux voyages de sol à ré, l'un via do, l'autre via si mineur. Le tout exposé très simplement au quatuor à cordes. Une musique déjà un peu ironique, empesée avec ses rythmes pointés, pleine de silences.
  • mesures 9 à 16: 4+4; strictement la même chose, mais en orchestre, avec l'ensemble des cordes, pianissimo, et un basson un peu narquois.
  • mesures 17 à 22: 4+2; ça ressemble à un coup de gueule haendelien en sol mineur, forte subito, avec timbales - le grand jeu, quoi- , mais c'est bien un dérivé du thème : même rythmique perruquée, mêmes intervalles, même matériau, une petite fixation sur les trilles pour finir.
  • mesures 23 à 29 : 4+3; retour du thème proche de l'original, mais avec une nouvelle variante qui permet d'aboutir en sol (la bonne idée !) et de clôre ce qui sinon serait sans fin. Avec un petit appendice de 3 mesures qui sera promis à un brillant avenir (27-29), des sauts d'intervalle importants qui dilatent - un peu - le temps. Des triolets (nouveauté !) introduisent autre chose:

II- On va à l'opéra (on dirait un développement, jeunes gens) (mesures 30 à 60; à 1'54")

  • mesures 30 à 43 : des bouffées de chaleur, des triolets, un hautbois qui chante éperdument et se fait relayer par ses petits camarades. Une installation qu'on pourrait croire définitive en ré (en passant par si, comme la deuxième modalité du thème), que Haydn désamorce subrepticement. Les triolets prolifèrent, avec des petites notes que l'on retrouvera.
  • mesures 44 à 51 (4+4) : retour du thème dans sa première moûture (4 mesures), mais infecté par les triolets. Puis 4 mesures modulantes, toujours sur le thème, allant vers si bémol.
  • mesures 52 à 60 (8) : retour de la cavatine avec le hautbois en mineur; triomphe des triolets et des petites notes, on va vers ré.....

III- On liquide tout (ça sent la réexposition, non ? en 2 époques, mesures 61 à 88) (à 3'39")

  • mesures 61 à 70 (4+6): Retour définitif à sol majeur. Le thème est exactement comme de 23 à 30, mais infecté par les triolets (salauds de triolets !) et avec un appendice qui double de taille (avec le hautbois opératique qui s'invite au-dessus des sauts d'octave). Mais le meilleur est encore à venir.
  • mesures 71-73: dernière apparition du thème, dans sa deuxième modalité, mais contractée (ce sont les mesures 5-6 et 8 qui sont fusionnées, Haydn évacue la complication savoureuse du passage central en si mineur (un peu comme à la fin des variations du KV 464). C'est fortissimo (pas comme au début) et inondé de triolets.
  • Mais manque de bol ! ce tortillon conduit à ré ! et pas à sol ....On va se perdre sur cette descente, qui est disséquée et ralentie, jusqu'à arriver à ce dialogue d'une extrême délicatesse entre violons et flûtes, au bord du rien (ces silences sont constitutifs du thème initial)...
  • ....quand le basson (mesure 80) redonne de l'élan et du carburant avec son prout do grave, qui permet de conclure, avec force trilles et éclats de rires. Retour au pianissimo et à l'atmosphère chambriste du début.

Je mets ce beau mouvement à la fois dans la radioblog canal historique (en compagnie du ©prout du Chant de la terre), et, promo !, dans la radio-Haydn avec le 1er mouvement (qui déménage aussi).

2 mars 2006

Un concert improbable à Garachico

A Garachico, mardi 20 février, un concert inattendu qui m'a plongé dans la joie. C'était le Joven Orquesta Sinfonica de Tenerife qui jouait:

  • la sérénade opus 20 d'Elgar (qui me trotte en ce moment particulièrement dans la tête et dans les doigts; cette exécution m'a confirmé dans mon idée que c'est une musique atrocement difficile à bien jouer)
  • deux oeuvres concertantes avec hautbois solo, je préfère ne mentionner que la délicieuseHorloge de Flore de Jean Françaix (une musique royale au bar)
  • la 93ième symphonie de Haydn, que je ne connaissais pas et que je n'ai pas en disque !!!!! Une splendeur. Surtout le mouvement lent, avec un thème à trous, présenté au quatuor à cordes solo ; un mouvement à la fois foldingue, ample et maîtrisé. Interrompu par un prout de basson mémorable (mais oui ; c'est bien un prout, aucun doute ; Vignal parle d'une irruption plébéienne digne de Mahler et écrit que Mozart ne se serait jamais permis pareille inconvenance, pareille impolitesse).

20 novembre 2005

Deszö Ranki au Théâtre de la Ville


Un programme de rêve, comme toujours avec Ranki. Je me suis replongé dans les partitions (ça tombe bien, j'avais tout en stock)

  • La sonate en do majeur n° 58 (H 48) de Haydn(1789). Deux mouvements: un lent puis un rapide.

le premier: une musique à la fois impériale (c'est un 3/4, grandiose)...et brindezingue, comme souvent le dernier Haydn. Formellement, c'est un thème avec 3 variations et une coda. Le thème fait 2 fois 26 mesures=10*2+(7+9)*2 (pour mémoire: l'opus 109 ou l'opus 111= (8+8)*2, tout bêtement) (comment ça ? ça ne s'entend pas ? mais bien sûr que si ça s'entend !!!! il s'est amusé, le père Haydn, avec cette délicate asymétrie). Les variations (j'ai vérifié): 1 mineur, 1 majeur, 1 mineur modulante et foutraque (11+12 mesures et pas 26) et une coda qui reprend la dernière séquence, seule, (9 mesures) puis un sublime bonus. D'un point de vue perceptif, je m'y suis un peu perdu à l'écoute car le thème est très long, troué de silences (très beaux avec Ranki) ; par ailleurs, son coeur (les 7 mesures du début de la deuxième mi-temps) est en mineur, tout comme deux des variations (hiérarchie enchevêtrée, on dit ailleurs ?), ce qui fait qu'on ne sait plus si on est dans une variation en mineur ou dans le centre de la variation en majeur. Tout le mouvement peut être aussi vu comme un grand damier oulipien où Haydn dose des intensités (distribution des forte et des piano jamais au même endroit !), et des frivolités (groupes-fusée en gerbe d'eau, rythme pointé à la française; on ne peut se repérer que par le schéma harmonique). La forme sonate est là, c'est fatal; mais c'est le thème lui-même qui en est une (et gravement moniste: tout est issu de la première mesure....) La fin est d'une élégance incroyable (cette façon de prendre congé sur la pointe des pieds...).

Le finale: c'est une joie sans nuages, débridée. Mon passage favori: ces marches qui se courent l'une après l'autre, à une seconde d'intervalle. Total brindezingue.

  • Les Davidsbündlertänze de Schumann: du très grand R Sch. Un kaléidoscope d'humeurs. Florestan et Eusebius (la phrase dolente en si mineur, qui n'arrive pas à décoller). Un sublime postlude.
  • Les Valses nobles et sentimentales de Ravel: je n'aime pas beaucoup, sauf la fin: une pédale de sol, avec des réminiscences: on se débarrasse enfin de la quincaillerie de la valse. Ouf: enfin seuls.
  • Des extraits du 5ième cahier des Mikrokosmos, de Bartok. Chef d'oeuvre absolu. Bartok=Klee: un univers poétique créé avec trois bouts de ficelle ; l'esprit de l'enfance retrouvé. Amusant de voir comment les notations techniques et poétiques peuvent s'intervertir. Canotage est une étude sur les quartes; Quartes sonne comme une petite pièce percussive (les quartes sont dans des accords, on ne les entend pas (ricanement)) ;Changement de mesures s'entend comme une étude avec des couleurs primaires intenses.
  • La sonate de Bartok: une excellente façon de terminer dans l'hystérie un beau concert. Le premier mouvement est irrésistible ; mais c'est sur le deuxième (très dissonant et déceptif - qui aime à prendre l'auditeur à rebrousse-poil) que j'ai eu la révélation cette fois-ci. Je ferai une note dessus.

En bis Ranki a joué le Doctor Gradus ad Parnassum à toute vibure - délicate attention pour les mamies du Théâtre de la Ville, qui, bien que plus branchouille que celles du TCE, ont aussi des voitures au parking et des dindes au four. En papotant avec l'ami blad à la sortie, j'ai découvert qu'on prononçait geek guique (et non pas comme la JIC). Dingue.

(MAJ: en lien les billets de bladsurb et de Concertonet)

****************

J'ajoute dans la radio la sonate de Bartok, et un assortiment de Mikrokosmos joués par le compositeur en personne (beaucoup moins bien que Ranki) ; aux pièces déjà citées j'ajoute De l'île de Bali (un de meschiffres) et Syncopes. Par ailleurs je mets dans la radio-Haydn, pour la réveiller, les deux mouvements de la sonate dont vous avez le topoguide ci-dessus.

 

21 mai 2005

un petit guide des trios de Haydn

Je délocalise les Haydn dans une nouvelle radioblog ad hoc (car il faut bien ranger, parfois). J'essaierai de faire varier les plaisirs dans cette radio- et il y a matière à, dans le continent Haydn.

J'ajoute à ce qu'il y avait dans la radioblog canal historique l'Agnus Dei de la Harmoniemesse, qui surclasse de loin à mon goût, celui, à timbales, de la Missa in tempore belli. L'Agnus est à pleurer. Le Dona Nobis pacem, une petite forme sonate, est particulièrement adapté pour danser dans son salon avec son flux électrique continu de doubles croches (qui rappelle le scherzo de l'Ecossaise) qui se déplace des cordes aux bois (rien de plus jubilatoire que de faire tricoter un basson: allez basson, tricote, basson) au moment de la zone à la dominante (fa majeur).

J'ai mis aussi et surtout un assortiment d'extraits des trios avec piano. C'est un massif de pièces géniales, déboutonnées, pas vraiment reconnues comme elles le méritent. Les musicologues expliquent tous la bouche en coeur que ce sont des oeuvres rarement jouées en concert car trop déséquilibrées en faveur du piano (Haydn les a appelées non sans raison sonates pour piano, violon et violoncelle), l'ego des violoncellistes s'accommodant mal d'une partie de doublure, paraît-il. Il me semble qu'elles connaissent un regain de faveur ces derniers temps.

Il y a pour l'amateur une vraie difficulté à ne pas sous-estimer, celle qu'il y a à s'y retrouver. Sans Excel, on est perdu. Désolé, ça va être le quart d'heure bibliothécaire, mais je crois que ces choses ont leur importance. Haydn accumule les handicaps avec ces trios. D'abord, il y a beaucoup de trios en sol ou en mib: la tonalité n'est pas discriminante comme, par exemple, dans le Clavier bien tempéré. La façon classique de marquer ces trios est d'identifier les dédicataires, Haydn ayant écrit quatre groupes de trios pour des dames différentes, mais là encore, patatras, deux de ces dames sont des princesses Esterhazy (Marie Thérèse, veuve Anton- je l'appellerai Anton; Marie Hermegild Esterhazy, épouse Nicolas- je l'appellerai Nicolas), les deux autres étant Theresa Jansen Bartolozzi (une pianiste redoutable, semble-t-il) et Rebecca Schroeter, une amie de coeur de Haydn).

Pour couronner le tout, il ya deux systèmes de numérotations en concurrence (et plus pénibles à réconcilier que les Pâques orthodoxes et catholiques): le système HC Robbins Landon (qui date de 1968), et le système Hoboken (1957). Hoboken me semble vraiment mal fichu, les derniers trios (au sens de la chronologie) étant numérotés jusqu'à 32, Hoboken complétant sa liste par des oeuvres moins incontestables; hélas les baroqueux, qui n'adorent rien tant que de montrer qu'ils maîtrisent la complication, adorent ce système. Robbins Landon (numérotation utilisée par le Beaux Arts Trio) me semble préférable. Mais reste compliqué d'usage. Je proposerais volontiers un système de numérotation isolé pour les premiers trios, puis un système du genre Theresa I, Rebecca II ou Anton II. Sans ce tableau et sans magnésium on est fichu.

Je rajoute donc dans la nouvelle radio-Haydn quelques morceaux de choix.... Je connais bien depuis longtemps les tout derniers trios :

- dans Theresa I (do majeur), le mouvement initial. Génial d'invention (ça n'arrête pas) de fraîcheur et d'ampleur. J'adore la fin du développement, quand l'âpreté de la partie en mineur s'évacue et que ça se remet à glousser (de 4'30'' à 5')
- toujours dans Theresa I (do majeur), le finale (sans commentaire).
- dans Theresa II (mi majeur), le 1er mouvement avec ses célèbres kloungs en mi majeur.
- dans le trio n°41 en mib mineur, l'Allemande finale, avec son ambiguïté rythmique initiale et son émulation dans la virtuosité (voir à 2'30"); s'il y a bien une musique déboutonnée chez Haydn, c'est vraiment celle-là.

Je découvre en ce moment les trios dédiées aux deux princesses Esterhazy; je mets:
- dans Anton 3 (sib majeur), le 1er mouvement euphorique et équilibré au thème sautillant et bien dessiné.
- dans Nicolas 3 (en ré mineur), les doubles variations initiales

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