Encore un peu de Schubert rare pour le plaisir
(c'est Alonso et Estrella, l'air du roi Froila, à l'acte I. Magnifique introduction orchestrale, et la suite n'est pas mal non plus...)
(c'est Alonso et Estrella, l'air du roi Froila, à l'acte I. Magnifique introduction orchestrale, et la suite n'est pas mal non plus...)
...que je sois le seul à avoir une pêche d'enfer et à gigoter comme un lapin Duracell sur cette apothéose du yodl un brin obsessive composée par un Schubert jeune (D46) qui avait dû oublier de prendre ses cachets, voici ceci:
(hein! c'est pénible ces musiques dont on n'arrive pas à se débarrasser!
Eh bien c'est ça aussi les blogs...)
Comme en ce moment, je suis en plein dans la découverte de l'alto, sa vie, son oeuvre, sa sonorité pleine et chaleureuse, j'écoute avec ravissement ceci
ou ceci
dont l'indication de tempo (noire=600-640 Rasendes Zeitmass. Wild. Tonschönheit ist Nebensache) me remplit d'aise et correspond tellement bien à tout ce qu'est l'alto. Je traduis pour les malcomprenants: il s'agit de mettre entre 600 et 640 (on n'est pas des chiens) noires à la minute, donc de jouer "à toute vapeur", "sauvagement", en ayant bien en tête que "la beauté du son n'est pas une priorité".
Cette musique vibrante a une autre propriété étonnante et bien singulière: elle détraque complètement le cher-et-tendre-o-mètre. Ah, vous ne savez pas ce que c'est? Eh bien, c'est un capteur très précis (technologie allemande, mindestens) que s'est fait greffer le cher-et-tendre entre ses deux oreilles, et qui lui permet de façon infaillible de diagnostiquer si une musique est postérieure ou non à 1875. Si cette musique est postérieure à 1875, le capteur lui fait automatiquement froncer les sourcils et passer de l'état enjoué à l'état grognon puis lever le doigt en disant: "ah, de la musique contemporaine... mais c'est vraiment affreux, comment peux-tu écouter des choses pareilles". Alors qu'avec cette musique-ci le cher-et-tendre-o-mètre se détraque complètement puisque le cher-et-tendre garde son aspect enjoué voire chafouin, et lève le doigt en disant: "Ah, c'est joli, ça. C'est du Bach, non? du Haydn, alors". Etonnant Hindemith. (Tiens, faudra que j'essaie avec la sonate pour alto seul de Ligeti)
Yes! (couinement d'enthousiasme) on va peut-être même se faire violence et réserver à l'avance, parce que Jonchaies, ça dépote vraiment....
* C'est que la bestiole, ça fait hypermal aux doigts. On sent la corde vrombir sous le doigt comme un jet à réaction - on se croirait à Mururoa en 95. Le pire, c'est sur la corde de do, mi deuxième doigt - la 4ième doigt. C'est transhumain. En bref, je manque de corne, il va falloir se durcir un peu le bout des doigts. C'est fini la vie de seigneur du violoniste!
* Un autre truc différent du violon: au violon, on tient son violon sans le bras (uniquement par l'épaule). Là je n'y arrive pas réellement (ça fait mal à la mâchoire). Alors? il faut chiquer? mâcher plusieurs chewing-gums matin midi et soir pour avoir la mâchoire carrée? à la Schwarzenegger? Hum.
... sans JAMAIS oser le demander: c'est ici.
(hein, le logo, il est beau?)
(Enfin, beaucoup reste à discuter, notamment sur la ligne musicale: tout cela est encore en construction! c'est aussi ça qui va être passionnant)
* Enfin, bon.... la petite bête ... bien que toute jeune, elle est quand même beaucoup plus grosse que mon violon.... (quand je pense que le luthier m'aurait bien vu en 41 1/2! hého! ça n'est pas écrit "je suis un bûcheron canadien" non plus!)
* Comme le luthier ne louait pas le coussin avec, j'ai dû écumer le quartier pour trouver un coussin d'alto (inutile d'essayer les merceries). Eh bien le coussin est lui aussi gigantesque... et comme la boîte est ridiculement petite, je me demande où le mettre (au contact de la crosse et du manche ? mais ça ne craint - crin - pas?)
* Après le coussin, je suis allé acheter des partitions pour démarrer: un assortiment de choses indispensables-mais-rébarbatives (deux méthodes d'alto que m'a conseillées la fille de la Flûte de pan - qui m'a dissuadé d'un air catégorique d'acheter le Sevcik - oui oui j'ai été faible et n'ai pas cherché à insister) et des choses irrésistibles-mais-injouables (parce qu'on est aussi là pour se faire plaisir, donc les suites pour violoncelle seul de Bach transcrites pour bestiole, la sonate Arpeggione version bestiole, l'opus 120 de Brahms version bestiole)
* Une fois revenu dans l'intimité du domicile conjugal, j'ai déballé la petite bête et j'ai commencé à la cajoler. Alors: il va vraiment falloir que je force sur le tartare de boeuf et/ou la piscine, parce que ça demande une de ces énergies ! je ne vous dis pas. Je suis finalement très content du son de la petite bête. Les deux drames du moment: ça siffle un peu et j'ai tendance à racler les cordes adjacentes sans faire exprès (surtout quand ça va vite)... Sans parler du drame classique du violoniste mutant, la sueur qui perle quand il voit des notes sur la partition comme un mi grave sous le sol (j'ai même vu un si# grave ! j'ai cru que j'allais écrire à l'éditeur). Mais quel bonheur de chanter sur les cordes graves! quelle générosité dans le son. Au bout d'une heure j'ai même réussi à trouver le bouton "piano" et à jouer en faisant les nuances. A la fin j'ai déballé le violon, pour comparer - j'ai trouvé ça ridiculement petit! et mesquin (à suivre)