Bruckner 8
J'ai trouvé ça passionnant pendant le concert, comme un gros roman riches en péripéties et personnages, et là, je trouve ça .... gênant, oui, carrément gênant quand je le réécoute ici dans le bureau avec partition à l'écran (d'ailleurs, le chaton adoré ferme rageusement la porte et lance des représailles non graduées, du genre allumer la télé pour des talk-shows politiques). Ce que je retiens du bousin, donc, au jour d'aujourd'hui:
1- L'Allegro initial: un mouvement sonate, l'exposition est en trois grands pans: 1- un truc pointé en do mineur, instable et malcommode 2- une rémission lyrique en majeur, avec Brucknerrhythmus 3- une séquence stress: pizz puis apocalypse (p 16 et 44: quel que soit le point de départ, la chute sera la même. C'est beau comme du Messiaen, de la théologie en action). Dans le développement, un moment Fassbinder: ironie, gloss et équivoque (p. 24). A la fin, l'horloge des morts, le Totenuhr des trompettes: moment bib bip coyote, où les trompettes continuent à trompetter seules alors que tout le monde s'est arrêté .... Comme les trompettes ne faisaient que le rythme, c'est aux cordes de liquider le thème, dans une ambiance funèbre à la Eroica II.
2- Le scherzo: le triomphe de la répétition, façon Sécession (inutile de répéter 150 fois que je trouve ça magnifique)
3- Le mouvement lent (ABA'B'A"B"A; B' est page 113 et B" est très court). Début à la panique haydnienne: mais qu'annonce donc ce rythme chaloupé? (samba? nuit d'amour? binaire? ternaire? c'est un début pour le moins équivoque pour une oreille innocente). Fin de la séquence A avec les harpes "qui font du bien" (copyright MK), déception, on ne les entendra que trois fois dans le mouvement. A": agitation maximale, sur un fond de sextolets (le pgcd des valeurs de la chaloupe initiale: ça tangue sec, on n'est pas dans l'adagietto de la 5ième de Mahler)
4- Le finale: encore une exposition en trois pans, interrompus par des silences (quelle bonne idée). Au début, un fulgurant appel de cuivres (sur fond de cordes à rythme pointé - en fait ce sont des snapshots, pas liés), avec un solo de timbale non moins fulgurant. Page 157, un vrai moment de gaîté (les flûtes ou de clarinettes gazouillent, c'est délicieux). Coda monstrueuse, qui reprend quatre thèmes de la symphonie, en une régurgitation inquiétante.