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zvezdoliki

13 novembre 2004

Le Pont des Arts, d'Eugene Green


Vu le magnifique film d'Eugène Green, Le Pont des arts. Un film sans doute baroque, imprégné du stile rappresentativo de Monteverdi, une réflexion sur la prédestination et la grâce, un film à la Démy avec son "café glauque" où les amants se croisent sans se rencontrer et son parti-pris osé comme une comédie musicale, un film de quelqu'un qui croit que la musique et le cinéma ramènent à la vie. Beaucoup plus abouti que la fantasque histoire du chevalier rau lion, à la fois drôle, subtil, et magnifiquement incarné par Natacha Régnier, à la fois solaire et absente.

PS: C'est un film subtil, mais tout de même parfois aussi localement épais, limite vulgaire. Je n'ai pas de problème avec la satire des milieux académiques ou la représentation de la cruauté gratuite dans le milieu de la musique - je vois encore une prof de conservatoire utiliser un crayon de papier bien gras (un 3B) pour écrire "Le désert, le néant" souligné huit fois sur le carnet du jour d'une de ses élèves. Non, je n'en veux pour preuve qu'une séquence, la première occurence du personnage de l'Innommable, un dénommé Guigui qui en rappelle un autre. Sur une musique de clavecin qui se cristallise sur un trille (NDLR: une note répétée on appelle ça en musique une pédale) la caméra vient filmer un soulier bleu qui s'affole sur ce trille, caressant une pédale imaginaire. Après ça, il n'est pas besoin de charger la barque du personnage de Podalydès comme Green le fait, jusqu'à l'ultime scène de vengeance de Pascal à Saint-Etienne du Mont. On a tout de suite compris que ce Guigui est, littéralement, une pédale et que Green a envie de se le faire. C'est peu de dire que ça ne me plait pas.

 

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7 novembre 2004

Le droit du plus fort, de Rainer Werner Fassbinder


-ein Rücken kann mich entzücken, ein Bauch auch...

-Le droit du plus fort, c'est l'histoire d'un forain (Fox alias Franz Biberkopf, c'est RWF himself qui joue le personnage) qui, à la grande roue de la Fortune, gagne un gros paquet d'argent puis finit par le perdre, victime d'un escroc, Eugen (et oui, avant d'être un bourgeois homosexuel, cet Eugen est un escroc). Même s'il joue la victime, RWF est bien aussi du côté du bourreau comme le suggèrent la dédicace ("à Armin et aux autres"; Armin, son dernier mec, c'est davantage Fox que Eugen), et cette interview qui est très claire: "I could identify with Franz on a moral level, but not on a practical level. If I were to identify with any of the characters, or more accurately if I had to identify with any of them, then I would have to identify with Eugen because that is the way I relate with people. I usually become involved with people whom I also try to educate, albeit less and less every year.". Une attitude réversible, donc: ein Rücken kann mich entzücken, ein Bauch auch, dit Fox à un des mecs qu'il drague.reverso traduit ça très bien;-).

-La mécanique du billet de loto. Les premières 20 minutes du Droit du plus fort sont une mécanique aussi prodigieuse que les 20 dernières de Deep end. L'enjeu est simple: il s'agit de savoir si Fox, tout fraîchement à la fois sans mec et sans emploi, va oui ou non réussir à acheter avant la fermeture du bureau de tabac un billet de loto (dont personne ne doute évidemment qu'il sera gagnant). Fox emprunte de l'argent à sa soeur, mais au moment d'arriver au guichet, se fait étendre sur la chaussée par un groupe de mecs louches et l'argent est perdu. Il rencontre dans une pissotière un antiquaire, KH Böhm, qu'il finit par suivre après de longues hésitations, mais les atermoiements de cette première rencontre ne mettent pas Böhm en confiance, qui refuse de lui prêter de l'argent. Du coup Fox manigance une arnaque contre un fleuriste mou qui ne sait que dire: "Polizei" d'un air abruti, mais finit par lâcher un billet de 10 marks. Pour finir, la buraliste (Brigitte Mira) qui est en train de fermer sa boutique n'accepte de vendre le billet de loterie que parce que Böhm, qui finit enfin par se rendre utile, lui sert du "gnädige Frau", un compliment qu'on ne lui avait pas fait depuis 1953. A quoi tient l'achat d'un billet de loto gagnant....

 

-Brrrrrrrrr Biberkopf. Tout le centre du film est à la fois une critique du conformisme social des gays (qui n'ont jamais eu ce film en odeur de sainteté), de l'oppression par la maîtrise des codes sociaux et culturels, mais aussi l'histoire de la transformation de quelqu'un qui est acteur de son destin en victime absolue, le tout sous les commentaires sarcastiques du choeur, les habitués d'un bistro gay fréquenté par Fox avant le début du film. Le dernier moment où Fox reprend pied est une scène odieuse de repas avec beau-papa et belle-maman. Belle-maman pérore sur Stravinski qui est du bruit alors que Mozart c'est si bien. Pour lui clouer le bec, Fox lui met une allumette cassée comme un chevalet sur un doigt et lui demande de faire brrrrrrrrrrr. Ce qu'elle fait, l'air hagard. Il lui prend l'allumette et dit "Biberkopf" (comme si c'était un téléphone, j'explique).

-Mais c'est bien sûr! c'est Wozzeck. Tout le monde commente bien l'allusion au Franz (Biberkopf) deBerlin Alexanderplatz; mais toute la fin me rappelle davantage un autre Franz célèbre, Wozzeck. Je n'arrive pas à croire que RWF n'était pas conscient de la similitude. A la fin, comme dans l'acte III de Wozzeck, il y a une scène de bastringue qui cristallise la déchéance du héros: Ingrid Caven qui chante doit s'interrompre car elle est bouleversée par ce grand gaillard qui craque: "c'est toujours moi qui dois payer....". Et puis la scène finale est un décalque complet de la fin de Wozzeck, dans toute sa sécheresse: Hopp, hopp, ce sont les enfants qui découvrent le cadavre, dans le souterrain bleuté (l'étang), alors que deux des acteurs principaux du film jaugent vite la situation et préfèrent s'esquiver discrètement, de peur de s'attirer des ennuis.

-Un écho Je mets dans la radioblog le premier des deux mouvements lents du 5ième quatuor de Bartok. On entend à cinq reprises dans le film une adaptation d'un passage de ce mouvement (à 1'05'' du début). C'est un des plus beaux mouvements lents de toute l'oeuvre de Bartok, avec ces tortillons énigmatiques et ce choral planant....

 

1 novembre 2004

Les quatre cavaliers de l'Apocalypse, de Vincent Minnelli

Un mélo magnifique en bleu blanc rouge et brun. L'histoire, entre 1938 et 1943, d'une famille de souche argentine déchirée entre sa branche allemande et sa branche française. Dans cette généalogie improbable, c'est comme si le Nouveau Monde avait accouché de l'ancien. Le film ouvre sur la fin du jardin d'Eden, la malédiction du patriarche argentin qui maudit sa semence et se rend compte qu'il a donné naissance, littéralement, aux quatres bêtes immondes de l'Apocalypse. La suite du film déroule le programme de cette malédiction initiale, jusqu'au sinistre jardin normand final.

Bleu blanc rouge pour la France et brun pour l'Allemagne, mais pas seulement, le brun est aussi la couleur de l'automne et de la putréfaction, qui s'appliquent à la France déshonorée de 1940, sans véritable espoir de rémission ("le plus grand mal, c'est de voir les feuilles tomber et pas repousser" dit en substance dans une promenade à Versailles Ingrid Thulin, dont soit dit en passant la voix est vraiment très désagréable (doublage ?)). Comme tous les mélos et la comédies musicales, le film frise parfois le ridicule, mais il est d'une telle force qu'on s'en moque éperdument.

PS A l'époque, Hollywood se shootait manifestement à Brahms; la musique d'André Prévin recycle en les pervertissant, avec une certaine subtilité, les coups répétés du début de la 1ère symphonie de Brahms.

 

27 octobre 2004

Saint François d'Assise: sacré Messiaen ! (2/2)

Comme je ne doute de rien, je continue avec quelques notes sur le spectacle, tableau par tableau, pour garder une trace ici de ce que j'ai vu.

la croix: le tout début de l'oeuvre, c'est un chant de fauvettes aux percussions (vibraphones et autres xylophones)

les laudes: le thème grave (cf radioblog, morceau a), ondes (numériques, on dirait des portables: on a envie de se retourner pour insulter son voisin, et non, ce ne sont que des ondes placées au premier balcon), bois graves puis choeur d'hommes.

le baiser au lépreux: l'intervention de l'ange puis la joie tellurique du lépreux, comme dans laTurangalila. Nordey a évacué les pustules, on ne voit qu'un homme à bandelettes, en blanc sur fond blanc, qui rappelle l'homme invisible. C'est une illustration intelligente de "l'invisible se voit", un des fils conducteurs de l'oeuvre.

l'ange voyageur: excellente scénographie de Nordey, qui rend la scène drôle et vivante. Il fait danser l'ange sur le rythme rigolo dont j'ai parlé. Il ya une vraie dimension comique à cette situation de l'ange qui se contrefait et pose une charade au moine qui l'envoie bouler. Christine Schäfer s'amuse et a le timbre délicieux du personnage.

l'ange musicien: Saint-François, debout sur sa colonne fait un long discours (un des rares moments où j'ai eu l'impression de perdre le fil du discours) qui le mène tout droit à l'hallucination: l'ange qui sort comme un baby kangourou de la poche verte. Et voilà le frotti-frotta délectable de l'ange à la viole. Je crois qu'un critique du Figaro (déjà à l'époque, ils étaient inspirés) parlait en 1945 de musique de négresse lubrique au moment de la création des trois petites Liturgies. Il n'est sans doute pas excessif de parler d'érotisme au sujet de la musique de ce tableau, de même qu'on peut utiliser ce mot au sujet au sujet du quintette en sol de Mozart.

le prêche aux oiseaux. Très différent de ce que j'avais anticipé; peu de séquences analogues au fouillis d'oiseaux de Chronochromie. La scène est vivante parce que François transmet une sagesse à Frère Massée (Charles Workman, voix souple et fraîche, retenons ce nom), le guide à travers les chants d'oiseaux, avec des petits commentaires astucieux sur le faucon crécerelle, le gammier (qui fait des gammes descendantes puis montantes !), la gerygone. Evidemment, c'est beaucoup moins ennuyeux que la rousserolle effarvatte où il y a 50 minutes de roulades. Comme d'habitude, Nordey n'est pas littéral; les oiseaux, ce sont les lettres proliférantes du texte de l'énigme. La lumière éclatante rappelle Pelléas, et sa sortie du souterrain. Un moment où la tension se relâche, après l'émotion du tableau précédent.

Les stigmates: la musique qui m'a le plus impressionné. Incroyable début éclaté, avec des fa# obstinés aux violoncelles. Une musique très violente sous le choral du choeur. L'idée visuelle de Nordey et son décorateur est géniale: un triptyque, vert, noir et blanc; quand François subit les stigmates, le carré du centre est progressivement barbouillé en rouge.

-la mort et la nouvelle vie: des réminiscences de toute l'oeuvre, on reconnait le thème des laudes, des oiseaux, avant un grand retour à la musique de l'ange et du lépreux, pour l'apothéose finale.

25 octobre 2004

trop Grave, ce Messiaen

Je continue mon festival de blagues foireuses autour de la haute personnalité d'Olivier Messiaen. Pour le titre de mon compte-rendu de Saint-François d'Assise (vu hier), j'en ai prévu une encore plus mauvaise. Attendez-vous au pire, ça devrait sortir demain. Aujourd'hui, c'est juste un discret hommage à la Grave, un des lieux chers à Messiaen, face à la Meije.

Je me suis dit qu'une des meilleures façons de rendre justice à ce chef d'oeuvre était de préparer un petit assortiment de quelques extraits qui m'ont marqué sur la radioblog (rappel: il suffit de cliquer). Je me suis aidé pour le repérage avec l'analyse de l'oeuvre par Messiaen lui-même (disponible dans le Kobbé) une lecture bien préférable au blabla pseudo-poétique du programme de l'Opéra....

J'ai choisi quelques moments, pas forcément les climax de l'oeuvre. C'est un choix subjectif, c'est mon choix (hum). C'est la version Nagano-Van Dam-Upshaw.

a) Un extrait des Laudes (le tableau 2). Saint-François chante le cantique des Créatures, (voir ici pour la version farces & attrapes), plus particulièrement la strophe qui évoque "soeur Eau" et "frère Feu". Au chant de François, à 1'33'', succèdent un motif très grave- comme mon titre- (ondes puis contrebasson puis choeur d'hommes) et des houhouhou du meilleur effet.

b) Dans le tableau 4 (l'Ange voyageur), un extrait orchestral qui annonce l'arrivée de l'ange. C'est une séquence typique de Messiaen: un enchaînement de discours très hétérogènes, très typés, avec des couleurs très vives. A 0'51", on entend la première occurence du thème de l'ange, un des marqueurs de l'oeuvre (le chant d'un oiseau, la gerygone), avec des piccolos rigolos staccato. Je parlerai demain du comique de situation de cette scène (oui absolument, vous avez bien lu, comique de situation).

c) Dans le tableau 5 (l'Ange musicien), après l'appel de François (et un thème-fusée de joie qui rappellera la Turangalila à ceux qui connaissent), un moment sublime et très simple: le chant de l'ange (en mode deux, pour les amateurs), interrompu régulièrement par le chant de l'oiseau piccolosrigolos staccato.

d) Ce qui suit immédiatement est purement orchestral, et décrit la caresse de l'Ange sur la viole, un moment d'une délicatesse suprême, qui fait défaillir François. Puis les vibrations de la forêt, la nuit qui avance (on pense à Ravel ! et aussi à Wagner). Pour clore la scène, un accord de sixte et quarte en do majeur avec solo des ondes Martenot.

e) Pour finir, un des moments les plus dramatiques, juste avant que François ne subisse les Stigmates. Le choeur est accompagné par un "orchestre d'angoisse", aux sonorités inouïes. Messiaen cite entre autres des sifflements de l'Eoliphone, une montagne de sable qui s'écroule, des montées en clusters des 6 cors.

La suite demain avec des commentaires sur le spectacle lui-même. Pourquoi je fais tous ces jeux de mots stupides, au fait ? Sans doute l'euphorie d'avoir découvert cette musique rutilante et fraternelle....

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17 octobre 2004

Bruno Schulz au musée du judaïsme

Je déteste les expos, la faune des expos, l'état d'hébétude dans lequel je termine les expos, mais cette expo-ci, vue vendredi, vaut bien quelques sacrifices. Bruno Schulz, c'est un des grands écrivains d'Europe centrale (les boutiques de cannellele sanatorium au croque-mort), et aussi un excellent dessinateur. Pour les fans ce site est une mine....(en polonais, hé hé hé....hélas) de même que celienpour les illustrations du Sanatorium au croque mort.

14 octobre 2004

Le quatuor Ysaye dans Beethoven et Stravinski


Concert du quatuor Ysaye à l'auditorium du Louvre. Beethoven - opus 95 en fa mineur et opus 59 n°1 en fa majeur - et au milieu, Stravinski, avec un mélange curieux, le Concertino de 1920 en un mouvement, le Double Canon de 1960 puis les géniales Trois Pièces de 1914; en bis un mouvement lent de Schumann. Je trouve que Stravinski convient mieux que Beethoven à la délicatesse de jeu et au raffinement sonore des Ysaye, que je découvrais. Notamment dans la première pièce de 1914 (celle où le 1er violon est dans l'aigu de la corde de sol, comme un bouc qu'on égorge) et la dernière pièce, Cantique (qui est complètement homophonique, avec des harmonies qui rappellent le Sacre).

Dans le 1er mouvement de l'opus 59 n°1, la façon de jouer des Ysaye met bien en lumière le phénomène suivant: le thème initial, qui sonne comme un paquebot en croisière dans la plupart des versions, est en fait très profil bas (en clair, ce n'est pas le quintette à cordes en sol de Brahms); à la fois en termes de dynamique (il est joué piano 2 fois de suite) et harmonique (la tonique n'est pas énoncée, le V2 et l'alto jouent des batteries sur la-do, le violoncelle chante à partir du do alors qu'on est en fa). Il y a un long crescendo qui amène à la maison, en fa, un peu plus loin. Ce n'est qu'à la fin du mouvement, au début de la coda, que le thème apparaît fortissimo avec des fa en bourdon, en position de tonique. Mais alors il y a des accents sur les temps faibles (2 et 4)....la dernière tension à résoudre avant le nirvana. Les Ysaye ont très bien fait ressortir ça, cette progression d'un petit machin de rien du tout qui devient la base d'une grande arche.

 

13 octobre 2004

+1

Déj avec mon amie et ex-collègue ***. Révélations de part et d'autre. De mon côté, je lui ai parlé pour la première fois du chat, du coloc du chat, des deux orchestres (l'homo et l'autre), et de ce dont je ne parle pas en ce moment dans le blog. Pour le chat, qu'elle a déjà vu, elle s'en doutait et je me doutais qu'elle s'en doutait. Oui tu comprends, un de tes amis qui s'ennuie aussi mortellement à un concert, c'est suspect. Manifestement pour partageons, *** et moi, le même goût pour les mecs "massifs et poilus". Je me sens gai comme un pinson après ce micro-come-out.

28 septembre 2004

la nuit tous les chats sont gris

Trop fort: le chef de la diplomatie britannique, Jack Straw a serré la main du Président Mugabe.

Mais c'était "par erreur". «En raison de la totale obscurité régnante à cet endroit, j'ai été entraîné à serrer, par simple courtoisie, la main de quelqu'un et il s'est trouvé que c'était le président Mugabe».

 

27 septembre 2004

Le suaire et la coupole


Je lampe à petites gorgées le voyage d'Italie de Dominique Fernandez, un dictionnaire à entrées courtes, très bien adapté à mes moments de lecture trop rares, en bus ou en métro. C'est un bon livre, érudit, varié : il y a des putti et des castrats of course mais pas que ça, de la pensée 68, des angles d'attaque étonnants, comme l'Italie à Split et le vieux da Ponte aux Etats-Unis; et aussi de la littérature du XXième siècle, il donne vraiment envie de lire Gadda ou Natalia Guinzburg.

L'entrée "Désastres" ferait un très bon papier de blog. Fernandez reprend la presse du lendemain de l'incendie de la chapelle du Saint-Suaire (le 11 avril 1997), et conteste d'une plume féroce la hiérarchie de valeurs qui fait que celle-ci a célébré le sauvetage d'un faux par un pompier bénévole et quasiment passé sous silence la disparition de la coupole de Guarini, le rêve somptueux d'un mathématicien. Je cite la fin du papier, qui est délicatement atrabilaire :

Qu'un des dix ou douze chefs d'oeuvre absolus du baroque soit réduit à néant ne chagrine qu'une coterie de songe-creux. Désastre qui les afflige d'autant plus qu'un sort cruel s'acharne depuis toujours sur les travaux de Guarini. Les trois églises qu'il a construites à Messine ont été englouties dans le tremblement de terre et le raz-de-marée de 1908. Sainte-Anne-la Royale, qui devait être construite à Paris, à la demande de Mazarin, est restée à l'état de projet. De cet esprit étrange, aussi rigoureux que lunatique, ne subsistent que deux édifices, tous deux à Turin, l'égliseSan Lorenzo, plan octogonal et coupoles aux nervures ordonnées selon le chiffre 8, et le palais de Carignan, dont les murs ondulants portent incrutseés dans leurs briques rouges de mystérieuses étoiles , qui seraient la signature codée de l'architecte.

* * *

J'ai comme l'impression d'avoir visité Turin un peu tard ....

 

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