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zvezdoliki

23 mai 2008

mon neveu (oui, encore)

Il a repéré qu'en cet endroit fort fréquenté

on trouvait trace d'une équation bien connue et d'un principe d'incertitude non moins connu.

Et il s'en étonnait. Mais au fond, le on ne peut pas connaître simultanément la position et la vitesse d'une particule massive donnée doit bien s'appliquer aux RER aussi, non ?

Corollaires, commentaires et divagations:

i)- A cet endroit, on aurait pu tout aussi bien faire référence à la claustrophobie quantique; c'est, nous dit wikipedia, la tendance qu'ont les particules à vibrer frénétiquement lorsqu'elles sont confinées dans un milieu très petit.

ii)- Mon neveu: Askil est fort ! askil est intelligent ! askil est gentil ! mais je ne suis pas mécontent d’être de nouveau complètement chez moi à pouvoir me balader en toute petite tenue et écouter Varèse à fond les ballons sans craindre d’importuner un buveur de tisane « La Marmotte ».

iii) Fini cette semaine un livre parme, lu non sans une jubilation suspecte, et dont la (bonne) leçon est qu'une éducation soignée - fût-elle celle d'un prince - ne donne pas nécessairement les résultats escomptés.

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14 mai 2008

comme le cheval et l'alouette (encore l'opus 132)


En fouillant sur l'opus 132, je tombe sur un texte de Stravinsky (oui, encore lui). En 1970, pour un numéro spécial Beethoven, la revue L'Arc avait repris dans la New York Review of Books du 20 septembre 1968 une recension (traduite par Tina Jolas) par Stravinsky du livre de Kerman. Sur les derniers quatuors Stravinsky est en général très élogieux (il va jusqu'à écrire "Dans ces quatuors je mets l'essentiel de ma foi musicale"). Il m'amuse, je recopie:

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Dans l'épigraphe du troisième mouvement, Beethoven se décrit comme "convalescent", mais la musique porte plutôt la trace du trauma persistant de la maladie. Le qualificatif d'"hystérique" que Kerman applique à l'irruption des violons sur laquelle s'ouvre l'Allegro convient également aux fluctuations d'humeur qui marquent tout le morceau.

Alors que le premier mouvement est lent à s'engager, et décousu et spasmodique une bonne partie du chemin, le second ne parvient pas à s'arrêter à temps; ou il en donne l'impression, sans doute parce que sa matière n'est pas passionnément intéressante et même, à un endroit (mesures 63-68), franchement ennuyeuse. Mais la sérénité du Trio laisse présager le mouvement par lequel - en partie au moins, car je songe à l'hymne en contrepoint sur les touches blanches mais non aux interférences du menuet (1) - le quatuor s'inscrit dans la mémoire. Deux couches de menuet et trois couches d'hymne s'entassent, comme le cheval et l'alouette dans le pâté d'alouettes, sauf que les couches d'hymne et de menuet ne parviennent pas à s'intégrer ni même à réagir l'une sur l'autre. Par la faute de quoi l'auditeur oublie le "menuet", et aussi que Beethoven se soit jamais senti "des forces nouvelles".

Le dernier mouvement est fort étrange: on y entend une Marche qui aurait aussi bien pu être composée trente ans plus tôt puis remisée dans un tiroir; un récitatif emphatique s'incorporant une version de l'pisode paroxystique du violon figurant dans le premier mouvement; enfin, une danse dont le début sous forme de "Valse noble et sentimentale" ne laisse rien prévoir de ses frénétiques aventures ultérieures.

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(1) référence aux passages intercalaires à 3/8 dans le mouvement lent....

 

13 mai 2008

Ce soir c'était le concert d'adieux des Berg à Paris. Merci pour tout! merci! merci!

 

Haydn: opus 77 n°1 en sol majeur. Somptueux second mouvement avec un thème hymnique; mi bémol majeur, forme sonate. En plein dans le développement, le discours s'interrompt sur un do long. Suit le thème en ré bémol, sur des marches harmoniques qui remettent le discours en marche. C'est très étonnant. Scherzo fou fou fou avec le 1er violon qui gamberge dans le suraigu. Finale rythmique, solaire et dansant. Haydn énonce trois fois le thème dans une harmonisation et une texture différentes.

Berg: quatuor opus 3. Deux mouvements, l'un assez lent, l'autre plus rapide. Grande intégration: on retrouve la tête de thème rapide à 6 notes partout. Grande variété de modes de jeu. Autant le premier mouvement est en demi-teinte, autant le second baigne dans une atmosphère de catastrophe. Suis largué dans l'analyse formelle (il faudra jeter un oeil à la partition).

Beethoven: opus 132 en la mineur. 1er mouvement: la cellule de l'"introduction" (un demi-ton ascendant, un demi-descendant), on l'entend partout dans le mouvement. L'exposition va de la mineur à fa majeur, le développement passe beaucoup de temps en mi mineur puis en do majeur (avec le "deuxième thème", au point que je finis - erreur fatale ! - par croire que nous sommes déjà dans la réexposition); la réexposition va de la en la, avec une grande âpreté et une étonnante intensification du discours, de plus en plus dramatique (il faut bien marteler dans la tête des mal comprenants -comme moi - que c'est un quatuor en la mineur). Deuxième mouvement en la majeur: petits jeux rythmiques qui donnent le mal de mer (à la Haydn), puis musette bien stable pour retrouver les vraies valeurs (et des temps forts bien marqués). Le troisième mouvement est le sublime chant de reconnaissance en mode lydien (ça finit sur un fa et il n'y a rien à la clé); c'est à pleurer. Les Berg alternent savamment son blanc et vibrato serré. Après un sas de décompression un peu opératique (marche puis récitatif), on revient à une couleur plus tendue dans le très beau finale en la mineur, localement plein de cris et de dissonances. Qui finit dans un la majeur d'adolescent amoureux, avec le violoncelle qui perd la tête à chanter ces notes éperdues en clé de sol (est-ce raisonnable ? non, pas du tout)

C'étaient les adieux des Berg à Paris. J'ai passé mon année d'armée - en 1987 - à écouter leur enregistrement des quatuors de Bartok, qui venait de sortir; c'est aussi par eux que j'ai découvert les quatuors de Mozart et de Beethoven, au disque. Je les beaucoup vus au concert à Paris. Au début, j'ai eu la ferme intention de voir tous leurs concerts, mais je dois bien avouer que cela faisait longtemps que je ne les avais pas vus (au moins 4 ans et demi si j'en crois ce blog; je n'avais jamais vu Isabel Charisius). C'est un quatuor que j'ai beaucoup aimé (maintenant je préfère peut-être les Borodine)... le son, le vibrato... cette souplesse dans le discours (il n'ya que Pichler pour anticiper les temps faibles à ce point....n'importe quel élève de conservatoire se ferait taper les doigts s'il jouait comme cela) ... leur sens du répertoire (que du nourrissant! et un quatuor du XXième siècle par concert, c'était dans le cahier des charges de la la veuve). Ils ont su partir au mieux de leur forme.

 

10 mai 2008

Mon neveu:

Il est rentré chez lui en oubliant son médicament pour la mémoire.

10 mai 2008

Quand un basson vient à bout d'une nuée de moustiques (trop fort)


Je lis ceci qui est bien vu dans Vignal au sujet d'un passage déjà évoqué de la 5ième de Sibelius:

"Les valeurs de notes diminuent et s'égalisent progressivement, ce qui transforme la couche thématique des cordes en un champ indifférencié sans mélodies ni rythme. Plus la musique s'anime au plan microscopique, plus elle devient statique au plan macroscopique! Pike compare ce processus annonçant la musique électroacoustique à l'effet visuel obtenu lorsqu'on observe une roue tournant de plus en plus vite (à un moment donné, la roue semble s'immobiliser) et Luyken à un effet de zoom. A cette couche de cordes puis à ce champ se superposent d'autres vestiges (...) énoncés d'abord de façon fragmentaire aux clarinettes et au premier basson affettuoso, et ensuite en une longue et sinueuse "ligne mélodique" avec chromatisme et syncopes au seul premier basson, lugubre puispatetico. Le champ de cordes évolue decrescendo jusqu'à la nuance piano (sensation d'éloignement) et la ligne de basson, simultanément, en crescendo jusqu'à un triple forte sur un mi bémol tenu (sensation d'approche). (....) La ligne thématique flottante, fantomatique et peu personalisée du basson solo risque d'abord de se faire absorber par le champ de cordes, quant à lui dépersonnalisé, mais contre toute attente elle sort renforcée de cette confrontation-coexistence. Tenu triple forte, le mi bémol de cette ligne parvient même à faire taire le champ de cordes." (c'est moi qui grasseye, plein de gratitude et de soulagement)

Plus loin, au sujet du sursaut qui suit, il écrit: "Frappée dans la sous-partie précédente d'inertie, comme en hibernation, la musique s'étire, comme un ours blanc au réveil".

 

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6 mai 2008

Il est vraiment trop fort, mon neveu

Il a tout de suite vu que je cherchais à l'empoisonner avec de l'huile d'arachide périmée depuis 2005.

5 mai 2008

En très bref (parce que)

Fait la Mourre Nègre (mais pas la Mourre Libre ni la Mourre Vache). A ce propos (ou presque), je sais maintenant (presque) tout sur le retournement des morts à Madagascar. Sinon, la lecture de Rosen aune fois de plus shaké ma life illuminé ma vie ; il pense qu’il faudrait fusiller tous ceux qui jouent Beethoven trop vite (je simplifie mais bon en gros c’est ça l’idée), notamment les allegrettos comme celui de l’opus 54 (oui, il y a bien des scherzos qu’il faut prendre très vite, mais dans la catégorie allegrettos, c’est la sécurité routière s’impose). Je vous laisse, je suis très occupé (par mon neveu qui squatte et a faim, parfois (le con)).

30 avril 2008

On nous cache tout on nous dit rien

Un an que le dernier livre de Rosen est sorti et j’en entends parler seulement aujourd’hui, en écoutant ce matin Esparza à la radio. A propos, maintenant je sais avec quoi on peut faire rimerDrillon. "Comme à son habitude, Rosen dit tout et son contraire." J'hallucine.

28 avril 2008

My father, my lord, de David Volach

Dans la paracha Ki Tétsé, on trouve l'obligation de renvoyer la mère lorsqu'on trouve un nid d'oiseau. Que faire d'un poisson d'eau douce dans la Mer morte ? Un film grave et émouvant, un peu corseté par une symbolique parfois pesante (mais qui correspond à l'univers du père), et un peu gâté par une musique sursignifiante quand l'émotion naît de petits riens (mais je ne suis pas étonné qu'un des petits derniers d'une famille ultraorthodoxe de 19 enfants ne sache pas choisir ses musiques).

27 avril 2008

Juste la fin du monde, de Jean-Luc Lagarce

C'était Juste la fin du monde, hier, au théâtre (l'histoire d'un fils qui revient après une longue absence, pour annoncer sa mort prochaine; mais il repart sans avoir rien dit). Je copicolle deux extraits choisis, tout ça bien entendu c'est du théâtre:

(le fils:) Je me réveillai avec l'idée étrange et désespérée et indestructible encore qu'on m'aimait déjà vivant comme on voudrait m'aimer mort sans pouvoir et savoir jamais rien me dire.

(la mère:) Tu étais à peine arrivé, je t'ai vu, tu étais à peine arrivé tu pensais déjà que tu avais commis une erreur et tu aurais voulu aussitôt repartir, ne me dis rien, ne me dis pas le contraire - ils auront peur (c'est la peur, là aussi), ils auront peur du peu de temps et ils s'y prendront maladroitement, et cela sera mal dit ou dit trop vite, d'une manière trop abrupte, ce qui revient au même, et brutalement encore, car ils sont brutaux, l'ont toujours été et ne cessent de le devenir, et durs aussi, c'est leur manière, et tu ne comprendras pas, je sais comment cela se passera et s'est toujours passé. Tu répondras à peine deux ou trois mots et tu resteras calme comme tu appris à l'être par toi-même - ce n'est pas moi ou ton père, ton père encore moins, ce n'est pas nous qui t'avons appris cette façon si habile et détestable d'être paisible en toutes circonstances, je ne m'en souviens pas ou je ne suis pas responsable - tu répondras à peine deux ou trois mots, ou tu souriras, la même chose, tu leur souriras et ils ne se souviendront, plus tard, ensuite, par la suite, le soir en s'endormant, ils ne se souviendront que de ce sourire, c'est la seule réponse qu'ils voudront garder de toi, et c'est ce sourire qu'ils ressasseront et ressasseront encore, rien ne sera changé, bien au contraire, et ce sourire aura aggravé les choses entre vous, ce sera comme la trace du mépris, la pire des plaies.

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