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zvezdoliki
15 septembre 2009

Trois nouvelles fraîches

  1. Hier, ma coiffeuse – enfin, plutôt, une collègue du type qui me coiffe habituellement, qui n'était pas là hier soir - me demande [sic] si je me suis fait une couleur récemment. C’est une première. Je suppose qu’elle a voulu être aimable. Si je suis très brun, elle m’a l’air quand même assez blonde.
  2. Les chiens mordent de nouveau, c'est cyclique (je ne traduis pas, démerdez-vous, j'ai lu ça chez Phil Suttle): An economic downturn has broad ripple effects. Capitalists fire workers. Workers go home and take it out on their spouse. The spouse whacks the dog. And dogs bite back. After a number of years of steady decline in insurance claims paid out for dog bites, the amounts paid out by U.S. insurance companies rose by 8.7% last year, and is up 21.4% from a cyclical low in 2004.
  3. J’ai décidé d’arrêter l’orchestre (non, pas çuilà - qui est encore en gestation - l'autre).


    Comme il fallait trouver quelque chose pour amortir le choc (et que l'option ingestion massive de fraises Tagada n'est pas acceptable), j'ai pris la décision d'adopter une petite bête chaude grâce à laquelle je vais enfin pouvoir bramer au fond des bois des cordes.


    Ce sera samedi chez le luthier à côté du vétérinaire (des fois que la petite bête prenne froid), quer je récupérerai un alto! Et je vais tenter de m'y mettre, pour passer du côté de ceux qui peuvent faire des blagues d'altistes sans culpabiliser (comme dit Klari).
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24 octobre 2009

En ce moment au cinéma, je donne dans le culte de la déesse H

Querelle: J'étais curieux de revoir ce film qui, comme Despair et contrairement à la plupart des Fassbinder, ne m'a jamais vraiment plu. Je l'ai trouvé encore cette fois à la fois déplaisant et bandant; il m'a moins choqué (mais tout autant troublé) que quand j'avais 20 ans; je comprends mieux que c'est une chose mentale et qu'il ne faut pas y chercher de trame réaliste. J'accroche bien aux deux premiers tiers du film (la rivalité avec le frère jumeau, la mise en situation de l'ouvrier polonais ("L’amour ne peut rester passif") que Querelle s'attache à transformer en un double de son frère (facile, c'est le même acteur qui joue les deux rôles) pour mieux l'aimer/trahir, en un mot); mais je trouve toujours la fin (dominée par le personnage du capitaine) vraiment déconcertante. La chanson de Jeanne Moreau (Each man kills the thing he loves) ne m'émeut que quand dans cette scène (vidéo ci-dessous) où l'accompagnement se tait, et où Moreau bifurque sur Each man cares the thing he loves. Je me souviens de l'incroyable histoire de El Hedi ben Salem, à qui le film est dédié, la dédicace apparaissant, de façon symptomatique, pile au moment des retrouvailles de Querelle et de son frère.

Hotel Woodstock: la combinaison curieuse d'une histoire d'apprenti sorcier (vite dépassé par l'événement qu'il feint d'organiser) et de songe d'une nuit d'été (le moment carnavalesque où chacun trouve sa part de vérité); le tout doublé d'un roman familial (comment un gentil pédé finit par s'émanciper d'une mère à côté de qui Pauline Carton à son apogée est l'image même de la douceur). Vu de maintenant, 1969 semble vraiment bien proche de la seconde guerre mondiale et des conflits qui ont suivi (VietNam et Corée). Le film est plaisamment terre à terre et n'a pas peur de la boue; j'adore cette scène où le travelo ex-GI de Corée défonce les parents avec huit brownies coupés à l'herbe....

18 janvier 2010

Deux concerts à la Biennale de quatuors à la Cité de la Musique

 (la scène occupe un des grands côtés du rectangle, les quatre tribunes sont utilisées, on se croirait au catch - vas-y l'alto, mords lui la pique, à ce gros rustaud de cello)

  • Samedi, soir, les Borodine - presque entièrement reconfigurés, seul le violon 2 est là depuis 1975; le cello est là depuis 2007 et les deux autres depuis 1996. Schubert: 10ième quatuor (mibM) D89. Musique solaire, mais pas très captivante (du Mozart sans ressort, je m'ennuie). Ce n'est pas le cas du Quartettsatz, qui suit. Un thème qui démange, un vrai accès de prurit en do mineur, mal soigné; une erreur de dosage manifeste dans la pharmacopée anti-prurit suscite une dangereuse crise de lyrisme délirant dans une totalité éloignée. Le prurit a le dernier mot. En deuxième partie, un grand moment avec l'opus 51 n°2 en la mineur de Brahms. Magnifique 1er mouvement (la mineur - sol majeur- do majeur), ça bouge tout le temps! Dans la partie centrale du mouvement lent, les cris outragés d'une donna Anna un peu tzigane sur les bords. Le scherzo est une merveille (avec ses trois parties homophoniques au-dessus d'une basse de musette, ses sonorités blanches d'harmonica). Dans cette musique, les Borodine sont immenses. On a l'impression d'une pâte vivante qui est souple, se déforme insensiblement de façon homogène; et la variété de leurs vibratos est confondante.
  • Dimanche à 17h, les Hagen. Première fois que je les entends en concert. Une sonorité impériale (mais c'est peut-être parce que je suis en galerie juste au-dessus d'eux (une très bonne place, ceci dit, on sent tous les doigtés et les coups d'archet....). L'altiste (Veronika) a une sacrée présence. Au programme, le quatuor de Debussy (qui leur va comme un gant); le quatuor de BA Zimmermann (encore un cas de testament trahi; le compositeur a demandé qu'on ne joue plus cette oeuvre, eh bien non, il y a encore des fouille-merde pour vouloir exhumer du sous-Hindemith qui n'ajoute rien à la gloire de Zimmermann). En deuxième partie, le quintette à deux violoncelles de Schubert déclenche l'hystérie du public tout en me laissant assez froid - je crois que j'entends surtout longueur dans sublime longueur - et je donnerais n'importe quelle page de Mozart pour faire cesser ces tunnels d'éternité (avec reprise).
31 janvier 2010

En bref

* Mousses. Si la réexposition du 1er mouvement de la 4ième de Schubert est la préparation d'un bain de mousse (©MK), le moment de calme avant le retour de l'inquiétude, celle du 1er mouvement du concerto de Beethoven est un bouchon de champagne (4 mesures de passage du néant au fortissimo, avec la superposition frénétique du beau thème hymnique au mètre des quatre noires, à fond à fond).

* No, no, no. G et moi en balade sur le quai de xxx, ce midi. Je disais "Non, non, non" avec une certaine véhémence à la dernière proposition de G (j'ai déjà oublié ce que c'était, enfin, un truc pas possible genre randonnée avec massages enveloppants) quand nous avons croisé un type qui m'a regardé avec un air chafouin en me disant distinctement: "No, noooo.... yes?" (y en a qui sont gonflés)

* Refuge: une curieuse histoire de filiation, très bien menée. Un art pauvre (comme cette rengaine que chante le héros) mais très efficace. L'histoire va à l'essentiel, genre situation de laboratoire (je place X et Y dans tel environnement et je regarde ce qui se passe). La façon dont Ozon retourne le vieux cliché "un hétéro saoul se fait un mec, sans faire exprès" est très touchante. Marie Rivière (dans le rôle d'une martienne souriante) et Melvil Poupaud ne jouent pas plus de cinq minutes chacun. L'acteur principal est mignon mais plus fade qu'Isabelle Carré, que j'avais rarement vue si aggressive, si Petra von Kant.

* Hexenlied Deux belles versions de Hexenlied de Mendelssohn, ici et ici. (je préfère quand même Schreier)

10 février 2010

l'EIC s'orientalise

Avec:

- Rain Tree, une pièce de Takemitsu pour 2 marimbas et vibraphone: c'était doux et très relaxant (hum)

- Noise: une création d'Ondrej Adamek, pour grand ensemble. Un hommage à la culture japonaise, avec beaucoup d'effets bruitistes très réussis - notamment la harpe a fait des trucs avec un machin (si vous voyez ce que je veux dire), mais aussi les cordes graves se sont défoulés avec des oua-oua d'amplitude variable, à la Xenakis, et le grand jeu pour le spectateur était de détecter lequel des musiciens venait de déclamer une insulte en japonais. J'ai trouvé que ça tenait bien le coup sur la distance (une demi-heure pour trois mouvements que j'aurais du mal à découper, mais le propos était cohérent et facile à suivre).

- Le chant de la terre, dans la réduction Schoenberg (achevée en 1983 par Rainer Riehn). Belle mezzo (Lilli Paasikivi, souriante et au timbre magnifique). Rien à faire, la masse des cordes me manque,  le quatuor a du mal à passer le mur des vents, le n°4 sonne acide et strident. C'est beau localement, par exemple au début du n°2 (avec l'écoulement du violon solo) ou dans certains moments de Abschied, mais je reste un peu sur ma faim.

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17 novembre 2010

Mathis le peintre, de Hindemith

J'étais très excité à l'idée d'écouter un opéra de Hindemith que je ne connaissais pas et de voir un spectacle sur Grünewald et la Réforme, mais je dois avouer que je suis sorti un peu abruti et pour tout dire assez froid. C'est un spectacle très long, très (trop?) riche, avec du bon et du moins bon. 

Les sept tableaux entremêlent les trajectoires d'un peintre qui quitte la peinture pour souffrir dans le siècle, d'un archevêque en manque d'argent qui hésite sur la conduite à tenir, celle d'une grande bourgeoise qui passe de la déception amoureuse au sacrifice pour la foi luthérienne. On est très loin du totalitarisme dans cette évocation des années 1520 où un vrai choix est possible, la trajectoire en zigzags d'Albert de Brandebourg (un vrai transformiste) est là pour le montrer. Py a choisi de tout aplatir en faisant des papistes des nazis, je crois que c'est un contresens qui rend certaines scènes incompréhensibles; même si Hindemith a pensé au nazisme dans la scène d'autodafé, la vision qu'on a maintenant de cette période, après la guerre, va bien au-delà de ce que Hindemith voulait dépeindre. Il y a d'autres facilités qui agacent, comme ces cages gothiques de bordel chic qui reviennent comme un tic chez le metteur en scène, et ces mouvements frénétiques de machinerie avec force svobodas dans la scène de guerre des Paysans (censés montrer la dérision d'une situation absurde?). Mais il y a aussi quelques scènes sublimes: le début, avec le making of d'une scène de crucifixion derrière un écran, ou la fin, où Mathis se dépouille dans une fosse de l'essentiel, quelques objets très simples comme un ruban rouge qui a déjà servi.

J'ai trouvé la musique parfois émouvante, moins sèche et sarcastique en tous cas que celle de Cardillac. Il y a du contrepoint (mais pas au kilomètre), des ensembles où plusieurs personnages disent des choses qui n'ont rien à voir sur la même musique. Mais aussi de belles idées harmoniques, par exemple dans les fanfares de cuivres dans la scène de guerre. Les scènes chorales sont fortes, et l'un des climax de l'oeuvre est le face à face entre Ursula Riedinger et l'archevêque - vocalité tendue, qui se résout dans une musique très simple. J'ai bien aimé aussi le début de la scène de tentation, avec son côté délices rhénans. Mais là encore (ce n'est pas vrai que de ce sixième tableau), la mise en scène est en dissonance par rapport à cette bonhomie souriante qui fait parfois le prix de la musique de Hindemith; même ce petit ange aux ailes rouges a l'air méchamment narquois.

Enfin, il y a Goerne. Avec lui le dernier tableau pourrait durer des heures, on ne s'en lasse pas. Il donne beaucoup de lui-même, on s'en rend compte au moment des saluts.... Mais je dois constater que ses choix de répertoire me laissent parfois froid (Eisler, maintenant Hindemith.....)

Ailleurs: Joël

5 avril 2011

les Pražák aux Bouffes du Nord

Programme pas vraiment sortant des sentiers battus mais solide et copieux: l'opus 3 de Berg; Ainsi la nuit, de Dutilleux et le 15ième quatuor en la opus 132 de Beethoven. Et puis j'étais curieux d'écouter les Pražák en concert, que je n'avais jamais entendus autrement que dans un disque Schönberg que je n'aime pas beaucoup (à cause d'eux, je précise).

Impression mitigée, à vrai dire. Leur Berg m'a paru terne, pas vraiment engagé (la formule finale, par exemple, sans fougue....). Le Dutilleux, en revanche, a été superbe de bout en bout (joueur, rigolo, un festival d'intelligence). Dans le Beethoven, après un premier mouvement poussif, de très bons moments dans le menuet; et puis le chant de reconnaissance joué de façon très inhabituellement allante, ce qui a pour mérite de ne pas s'enliser sur la fin du mouvement (qui reprend une force qu'il n'a parfois plus). En somme, en forçant le trait, j'ai l'impression qu'ils sont meilleurs dans les pièces de genre ou les types d'écriture homogène que dans les discours un peu complexes. Et j'ai préféré le violoncelliste (placé au centre du dispositif) au nouveau premier violon (malgré ses qualités).

A l'entr'acte, j'ai eu la bonne surprise et le grand plaisir de tomber sur S. que je n'avais pas revu depuis le Grand Schisme (en fait, pas vraiment surprenant sachant sa passion pour Dutilleux) et son ami O (aux Bouffes du Nord, le fond de la scène est rouge, camarade).

22 septembre 2011

Encore l'ONF au Châtelet

Encore un concert de proximité. A mon âge, traverser tout Paris le soir, c'est trop et en plus au Châtelet, il reste de la place à la dernière minute, et même mieux, DES places - je peux envoyer promener une aimable créature qui dans le hall me propose 30€ une invitation qui n'a pas dû lui coûter bien cher. Au programme, un merveilleux tube, Iberia, et deux übertubes, l'Apprenti sorcier et le Boléro. Comme j'ai pu être replacé au troisième rang à droite, je suis sous les chaussettes des seconds violons, ce qui me permet de revivre presque de l'intérieur deux oeuvres que j'ai jouées en orchestre il n'y a pas si longtemps. Etre placé là me permet aussi de repérer un des ingrédients clé du moment verroterie du Boléro: le célesta. Au programme aussi, une curiosité, la Symphonie concertante de Enesco (pour violoncelle). Musique parfois dangereusement chromatique, parfois très française (on se croirait dans la Sicilienne de Pelléas et Mélisande de Fauré, dans l'un des mouvements enchaînés). Le finale m'a rappelé le concerto d'Elgar. Le tout a l'air très difficile pour le violoncelle. 

25 octobre 2011

Sir JEG à Pleyel

Programme austère et classe avec Sir John Elliott Gardiner, choeur et vents (cuivres anciens pour la première partie, mélangés en seconde). Les cordes ont quartier libre (sauf les basses pour Stravinsky, en deuxième partie)

Brahms: Begräbnisgesang. Avec des triolets menaçants aux timbales et une section centrale qui rappelle le Requiem allemand.

Bruckner: Messe en mi. Une oeuvre économe et pleine d'idées. Le Kyrie initial (les voix de femmes d'abord, puis les hommes) frappe fort dès le début par ses dissonances qui agacent bien les gencives, comme le choeur est très juste. Le Gloria et le Credo sont davantage des illustrations d'un texte qu'on croit avoir déjà fréquenté (apparemment, l'éternité chez Bruckner, ce sont des triolets aux vents - c'est toujours moins fatigant que des trémolos de violon). Le Sanctus fonctionne comme un arbre polyphonique très ramifié, avec une grande amplitude entre les aigüs et les graves. On se raccroche aux branches quand les cuivres interviennent.

Stravinsky: Symphonie de psaumes. 1er mouvement qui arrache comme il faut, bien méchant, vents acides. Mais ce qui me fait toujours grimper aux rideaux, c'est la fin du troisième mouvement. Protocole pour planer dans l'éternité: 0/ le timbalier accorde discrètement ses trois timbales sur mib, sib et fa (pendant que tout l'orchestre joue, n'importe quoi fera l'affaire) 1/ le timbalier déroule mi sib fa sib sur une période de 4 temps, alors que tous les autres, choeur et orchestre sont sur 3 temps 2/ la timbale gagne la partie provisoirement, on a maintenant l'impression d'être à 4 (malgré les accents décalés du choeur) 3/ Retour du 4 pour 3, la timbale seule contre tous, les notes de la timbales frottant toujours plus dangereusement avec des harmonies qui fuient vers l'aigü. Et la fin: retour du début (Alleluia), comme un paravent japonais qui se referme.....

20 janvier 2012

Biennale 1: Arditi/Rihm, Ebène/ Schubert Tchaikovski

les Arditti dans une création de Rihm (le n°13) , puis les Ebène dans un autre 13ième (le subliiiime Rosamonde de Schubert) et le 1er de Tchaikovski (une chose très bizarre). Point commun: trois musiques qui jouent sur les nerfs des auditeurs. 

le Rihm : un Rihm .... riche (well). Facile à suivre, musique à cellules qui prolifèrent (au début: des gammes avec un soufflet, une grande tension rythmique, on se croirait chez les Pygmées). A la fin, ça se calme et ça sent la citation (mais de quoi?). Le violoncelle s'excite souvent, tout seul. Je ne me suis pas ennuyé une seconde.

le Tchaikovski: quelle musique bizarre....le matériau initial de chaque mouvement est à la limite du simplet, mais gonfle jusqu'à prendre des proportions énormes. 1er mouvement à forme sonate à accélération finale (quelle drôle d'idée). Magnifique scherzo. Dernier mouvement: apothéose du tidada. Moment gênant où on a l'impression que les violons s'enlisent dans une formule sans intérêt: mais non, c'était juste pour laisser le temps à l'alto de se préparer.

Aussi: ici

Add:

 

22 avril 2012

Londres (2)

  • Le Freischütz (à Barbican) Un peu le syndrôme Maîtres chanteurs: une oeuvre célébrissime qu'on n'entend plus vraiment beaucoup, et on comprend un peu pourquoi. Les mots qui me viennent à l'esprit sont 1) bourrin (cette série de danses allemandes, ces sarcasmes villageois....) 2) frais au sens où les primitifs flamands sont plein de fraîcheur (les couleurs de l'orchestre, les figurations naïves, les envols de flûtes). Grands moments: l'ouverture (encore un do mineur qui devient do majeur à la force du poignet); l'air d'Ännchen (Sally Matthews, chanteuse délicieuse); la scène de la Gorge aux loups avec le choeur des esprits (utilisant des cornets en carton noir pour les wou-ouh!) et le compte des balles, de un à six. Production inégale, mention spéciale à la Ännchen susnommée et à un Kaspar n'ayant pas oublié d'avoir l'air méchant (Lars Wogt, la dégaine d'un Podalydès qui aurait mal aux dents).
  • Artifact, à Sadler's Wells. Chef d'oeuvre. La 2ième partie, qui dévide le texte de la chaconne de Bach, est ponctuée par des tombées brutales du rideau. Cohérence, ampleur de l'inspiration, humour ravageur. (cf ici)
  • Concert Nancarrow à Southbank (c'était une intégrale en tranches des études pour piano préparé, j'ai fait 16h-17h). Enfin, concert, c'est vite dit: il y a deux personnes sur scène, qui sont juste là pour changer les rouleaux sur le pianola (et raconter des bonnes histoires sur Nancarrow pendant que les rouleaux commencent à tourner). Nancarrow est ce génie qui a influencé Ligeti, et programmé ces rouleaux sur pianola. Le résultat musical: une virtuosité insane, à rendre vert de jalousie n'importe quel pianiste humain (les martiens, je ne sais pas, ils sont déjà verts): glissandi sur des modes complexes, décalages rythmiques subtils, petites mécaniques folles. Comme c'est écrit dans un style mi-bastringue mi-Grand d'Espagne, peu de gens prennent ça au sérieux, mais ça vaut le détour.
 

20 novembre 2012

BSB1 aux Bouffes du Nord

Le quatuor Diotima (précis et spectaculaire, merveilleux violon 1 (chose que je déteste devoir écrire à propos d'un quatuor)) dans: 

  • Beethoven: quatuor n°12 opus 127 en mi bémol. Je m'embrouille à chaque fois dans les numéros, mais c'est bien celui-là, je crois, mon préféré dans les derniers quatuors. Sans doute en raison de la profonde joie tellurique, l'atmosphère de très haute pression que j'y entends, dans chacun de ses mouvements. Le 1: celui avec l'ouverture en portique (très spectaculaire, hier soir) répétée à trois moments clé, sur mi bémol, sol puis do (!).... et la sublime cadence avec les retards et la montée dans l'aigü. Le 2: immense et magnifique thème et variations en la bémol, avec beaucoup de surprises (on va jusqu'à bifurquer jusqu'en mi). Le 4: celui avec le thème paysan très rythmique, qui finit dans une étrange péroraison ternaire.
  • Boulez: le Livre pour quatuor, parties 1a et 1b. ça démarre très mal, comme une caricature de musique sérielle: 12 sons, les 4 instruments avec des hauteurs différentes dans 3 modes de jeux.... ça se complexifie, notamment dans la deuxième section, nettement plus virtuose.
  • Schönberg: 1er quatuor opus 7 en ré, que je n'ai pas si souvent eu l'occasion d'entendre en concert. En quatre mouvements enchaînés, avec une impression de gigantesque forme sonate (la réexposition du tout début, si véhément, intervient avant le début du mouvement lent, par exemple; la musique du finale reprend des éléments déjà entendus plus tôt). Il fallait bien une structure un peu ferme pour assembler toutes ces musiques d'ambiance, tour à tour fiévreuses, ironiques, glissantes, vénitiennes, glamour, passionnées, fatoumesques, fantomatiques.... (ça glisse très vite d'une ambiance à l'autre). Je note avec satisfaction qu'un des plus beaux moments, à la fois par sa simplicité et sa tendresse, est réservé à l'alto, dans le mouvement lent. 
10 février 2013

Zemlinsky et co à la salle Pleyel

Au programme: Les danses de Galanta de Kodaly (irrésistible et hungarotone); le 2ième concerto pour piano de Prokofiev (celui des Sarcasmes; la sortie de la cadence du 1er mouvement avec ses cuivres monstrueux fait son petit effet); et puis en deuxième partie, la (pas si) petite Sirène, de Zemlinsky (il y a à boire et à manger dans cet opulent orchestre viennois, mais ça se laisse bien réécouter, par exemple ce thème qu'on dirait russe ici à 9'45"). Une vraie chroniquette ici.

24 juin 2013

Bouffes/ Posadas

Un concert auquel je suis allé en prévision de la diète à venir de deux mois, et dont le programme ne m'évoquait strictement rien. (Pour une fois, j'y suis allé en me fiant aveuglément aux interprètes: le quatuor Diotima et la sublime Barbara Hannigan). Je crois bien ne jamais avoir entendu de Nono, ni de Schoeller, ni de Posadas. Tirage de la loterie, donc:

Nono: Djamila Boupacha, une pièce pour soprano solo a cappella. Magnifique, mais très court.

Ensuite, ce qui était présenté comme un semi-opéra, Operspective Hölderlin, de Schoeller. Une oeuvre pour soprano, électronique et quatuor (très à l'arrière plan). J'ai un peu dormi (ce qui est mauvais signe). Ce n'est pas déplaisant d'imaginer Hannigan aux prises avec des fantômes dans un château hanté rougeoyant comme la scène des Bouffes du Nord, mais la musique m'a paru pour tout dire assez pauvre, à l'électronique trop envahissante. Et c'est un peu dommage d'avoir un quatuor de la classe des Diotima noyé dans des bruits de fantômes....   

La bonne pioche était après l'entr'acte. Liturgia fractal, le cycle de 5 quatuors à cordes d'Alberto Posadas était riche, foisonnant, très spectaculaire, beaucoup d'idées musicales. Je ne suis pas certain d'avoir compris la note de programme (j'ai dû arrêter trop tôt mes études scientifiques), mais quasiment pendant les 53 minutes du cycle (et à la différence, au hasard, du Livre de Boulez) j'ai eu l'impression de comprendre le propos musical, se polarisant autour de certains modes de jeux, contrastés, violents, névrotiques, hypervirtuoses. Retenons 4) (Arborescencias) avec ses deux somptueux solos de violon. 3) (órbitas) démarrant avec des clusters bien acides. 2) (Modulaciones) avec ces modes de jeu flûtés. Plusieurs des quatuors ont des fins très marquantes, où l'on a l'impression que les musiciens se resynchronisent. C'est rare d'entendre une oeuvre nouvelle laissant une impression aussi forte.

Aussi: ici.

26 juillet 2006

Les Esteves à l'hôtel de Soubise

Ce soir, beau concert du quatuor Esteves. Un programme plein de substance avec trois gros morceaux: l'opus 77 n°1 de Haydn, les 6 moments musicaux de Kurtag et le 4ième quatuor de Bartok.

l'opus 77 n°1 en sol: Après le 1er mouvement, d'une belle ampleur avec son thème de marche, le grand moment c'est le sublime mouvement lent, une forme sonate monothématique, en mib majeur, avec ses unissons et son thème harmonisé, ses oppositions entre confidences dans l'aigü et cordes graves. Je craque quand le violoncelle prend le thème en main, au debut du pont et à la fin de l'exposition. Scherzo rythmique, avec le violon virtuose dans l'aigu, et un trio en mib pris très vite. Finale foldingue avec une fin jouissive, comme souvent chez Haydn.

le Kurtag: une sorte de suite lyrique en 6 mouvements, les numéros pairs étant rapides et fantasques, les numéros impairs étant lents et funèbres. Dans 1 et 3 (la partie centrale de 3, plus exactement), Kurtag tisse des hoquets, mais ça sonne très différemment des hoquets du jpète-Ligeti, plus lumineux. Successivement:

  • Invocatio (un fragment)
  • Footfalls, un poème d'attente
  • Capriccio humoristique (très swing)
  • In memoriam György Sebök,une musique très forte et véhémente, (avec un do-sol-mi au violoncelle, étrange et repris par tous à la fin)
  • ... rappel des oiseaux... (étude pour les harmoniques), dédié à l’altiste Tabea Zimmermann, une étude de sons flûtés (avec les staccatos du violoncelle qui contrastent)
  • Les Adieux (in Janaceks Manier), adaptation d’un morceau extrait des Jatetok (Jeux) (avec des bariolages et des pizz)

Comme d'habitude j'ai bien aimé les pièces ludiques (3 et 5), mais l'hommage à Sebök m'a semblé aussi très fort. Il faudra un jour que j'écrive ce que j'aime chez Kurtag (la culture musicale et poétique qui nourrit son oeuvre, sans l'étouffer)

le Bartok. Le mouvement lent, si beau, m'a un chouïa déçu, mais les deux scherzos étaient très bien, et le finale ! quelle gifle ! ça fait du bien.

Et en bis: un mouvement lent de Mozart (KV575) démontre définitivement la supériorité de Haydn....

Add: 2 mouvements du Haydn dans la radio idoine

27 juin 2006

Fidelio au Châtelet


On est toujours un peu tout fou en sortant de Fidelio, mais ce soir au Châtelet, c'était l'émeute, le feu au lac, l'explosante fixe, avec un plateau de rêve: Chung/Mattila/Heppner/Salminen et quelques autres. En vrac (j'ai pas le temps, je file au Kazakhstan):

  • le quatuor qu'aime tant Philippe: un thème varié, avec un sol majeur qui rompt avec les tonalités chaudes singspielesques du début; en introduction, les cordes graves seules; puis Marcelline (qui tient les parties de dessus avant que Léonore n'émerge)+ clarinette; Léonore + flûte; Rocco plus cordes en pizz, Joaquino (ténor) avec tout le monde. L'épaississement de la musique souligne les divergences d'intérêts des personnages (1+3 contre 2+4). Sous l'idéalisme, quelque chose d'un peu trouble comme le finale de l'acte I de don Giovanni.
  • Du Abscheulicher, pris à toute berzingue, triomphe de la Mattila, lionne dans cette scène de chasse, encore une héroïne à la Mouret qui monte sur ses grands chevaux dès qu'un cor la titille. C'était complètement bouleversant (alors que l'air n'est pas le plus intéressant de l'opéra)
  • Le jeu des tonalités. On part en mi (très chaud), on finit en do (très lumineux), et on va se perdre entretemps dans un cul de bas-de fosse avec des tonalités très froides, genre sib mineur. Il peut arriver que l'on rebrousse chemin temporairement: après le quatuor en sol, on atterrit en sib via l'air de Pizarro en ré mineur.
  • Il y a une forme sonate avec un développement long dans Fidelio: c'est le rustique ensemble en la du deuxième acte, avec Florestan qui remercie pour le vin (exposition) puis le pain (réexposition). Souvent, dans les ensembles de Fidelio, le deuxième thème est très opposé au premier (changement de tempo, de caractère). On est très loin des subtilités et de la cohérence du moindre ensemble des Noces. Mais bon. Il y a un tel enthousiasme....
  • Quelle version c'était ? (on s'y perd avec tous ces musicologues) Au début tout va bien, c'est bien l'ouverture de Fidelio (que j'ai écoutée comme jamais; le thème est déceptif, comme dans certaines symphonies de Mozart dont on est infichu de chanter le thème....). Mais Chung joue l'ouverture Léonore III après O namenlose Freude pris à toute vapeur (les solistes quittent la salle et reviennent pour le grand finale qui passe comme une lettre à la poste joué à toute biture : champagne); ça fait doublon, car on sait bien que c'est le sib des trompettes en coulisse qui va sauver Florestan.
  • C'est-y pas malheureux; yapas de mise en scène, hébin pourtant ils ont tous le physique du rôle : Pizarro a l'air d'une brute (et il se fait ostensiblement chsuer quand les autres chantent); Salminen fait gentil geôlier qui serait à la retraite s'il n'y avait pas cette p*** de retraite à 70 ans; Joaquino et Marcelline font très chouchou-et-loulou, petit couple tout mimi. Quant à Heppner, beau fauve fatigué (le Tristan de la Bastoche l'an passé), il va bien avec cette lionne de Mattila, la star du jour (rah, cette voix !).
  • Note pour moi: croisé deux fantômes des temps anciens, J.-M. et J.-Cl. (et aussi Roland Dumas, d'ailleurs)

 

1 avril 2005

la 6ième de Mahler, par Chung au TCE


Le moment qui me laisse à chaque fois baba dans la 6ième, c'est la musique de l'introduction du finale. En très peu de temps c'est à la fois un monde qui s'ébauche et une énigme qu'on peine à déchiffrer, même si elle revient à quatre reprises dans le mouvement.

Pour décrire brièvement on entend :

  1. un chant prometteur des violons, sensuel, qui semble émerger de la brume, sur un accord de 7ième sur la bémol
  2. changement brutal d'ambiance (la majeur puis mineur, soit très loin de la bémol): thème rythmique aux timbales, à fond les ballons.
  3. Dès lors (à 30" du début) c'est le règne du chaos, la chute vers le grave, gargouillis dans l'extrême grave, gamme chromatique descendante qui hésite. Le Mahler que j'aime (celui de la 7ième ou de la 9ième): bruitiste, perdu, à mi-chemin entre Beethoven et Lachenmann.

Ce début, il me fait l'impression d'un fruit tranché en deux. C'est aussi un geste autodestructeur: en 45", Mahler saborde son début: tout est à recommencer, la musique est devenue aphasique, déstructurée, il faut réapprendre les fonctions de base du langage.

Un mot sur ce que fait Mahler du schéma harmonique de ce début dans les 2 dernières occurrences: la reprise à la réexpo se fait 1) labM- 2)do M/m (car le retour en la aura lieu plus tard). La dernière reprise de l'introduction se fait en la, et y reste, avec un effet terrible: il n'y a pas que les timbales pour couper la parole aux violons, il y a aussi le marteau (qui revient pour la troisième fois). L'accord final, quelle douche froide !

A part ça, quel foutoir cette symphonie ! Je croyais que c'était une symphonie sérieuse, sans vaches, et bien non, des vaches, il y en a tout le temps et partout. En coulisses, sur scène, pendant les moments calmes, pendant les Höhepünkte, ça clarine de partout. Elles n'ont même pas peur du marteau, les vaches. Pauvre percussionniste, il a dû se faire un de ces tours de rein. Trois grands coups dans le finale, tout ça pour faire peur aux vaches qui n'en ont rien à braire meugler. Tant qu'on est sur scène, il y avait une femme corniste (c'est assez courant, ça) et un harpiste homme (ça c'est vraiment dingue et à la radio vous ne l'avez pas entendu; merci qui ?).

A part ça, direction très classe de Chung dans le 1er mouvement, pris avec un tempo lent, très articulé. Scherzo de luxe avec ses snapshots faussement baroques, sur tous les tempi, à tous les étages (même celui des contrebasses, qui font beuar, beuar), émietté, atomisé. Grand moment magique dans le mouvement lent: les sol qui amorcent la partie centrale: altos puis harmoniques puis flûtes. Sublime. C'était sans doute moins chic qu'à la Scala mais c'était quand même une soirée très excitante.

3 octobre 2005

girouette

- Depuis que J*** m'a expliqué que Schwarzkopf était une mijaurée avec une bouche en cul de poule, c'est fini fini, je n'arrive plus à l'écouter avec plaisir;

- Depuis que *** m'a fait remarquer que Fassbaender avait un vibrato bêlant, je suis rongé par le doute et je me sens coupable d'aimer cette voix déchirante;

- Depuis que X***, qui est arrivée samedi renforcer les rangs étiques-mais-déjà-mythiques des très-jolies-filles-hétéro de l'orchestre-pédé, X*** que j'ai bien connue à l'orchestre hétéro (oui, celui où ma voisine me donnait des coups de pied), m'a dit que cet orchestre hétéro, ce n'était vraiment pas ça, je commence à me faire tout doucement à l'idée que, même quand ils auront fini le Nouveau Monde (qui me sort par les trous de nez), et bien, je ne reviendrai pas....

8 août 2006

Je me souviens de la belle province (3)

Et voici un assortiment de photos de Montréal. Je certifie n'avoir blessé aucun animal en réalisant ces photos (sauf un bison à qui j'adresse l'expression de ma contrition la plus sincère). Et je m'excuse d'avance auprès de Laurent qui risque un choc nerveux à la vue d'une photo à proprement parlerinsoutenable.

J'ai pour habitude d'éviter de publier des photos avec des gens sur ce blog; j'ai fait quelques entorses cette fois-ci car cela me semblait très dommage de ne rien donner à voir, notamment pour les concerts et notre rhapsodie magnifiquement chantée par une contralto québécoise, Sonia Sasseville, et par l'association des deux choeurs vedette de la soirée, Ganymède et Melomen. Si quelqu'un trouve à y redire, qu'il n'hésite pas à me signaler, je suis prêt évidemment à retirer toute photo qui paraîtrait déplacée. Pour la cérémonie d'ouverture tout va bien; la plupart des photos sont floues car nous avons collectivement beaucoup remué dans cet immense parterre du stade olympique. Il y a d'ailleurs beaucoup de photos floues dans la série- l'émotion sans doute, l'émotion qu'il ne faut pas gommer.

J'ai créé une rubrique attente de la Gay Pride....car ces photos de retraités attendant assis sur des pliants et en mâchouillant du pop corn la Gay Pride sur René-Lévêque interdit à la circulation étaient bien plus amusantes que le défilé lui-même (beaucoup plus organisé et clos que le grand foutoir sympathique de la Gay Pride parisienne). Pour le reste...ces photos ne disent pas la joie que nous avons eue, collectivement je crois, d'être à Montréal ces jours-là.

Add: Pour illustrer la radio et rester dans l'ambiance, j'aurais bien mis une version de NOTRErhapsodie de Brahms, mais je ne suis satisfait par aucune de mes versions au disque, que ce soit Ferrier (qui crachouille et est proscrite par les bons auteurs) ou Price (qui n'a pas la voix qui convient). Je me rabats sur la sérénade de Suk, interprétée par les I Musici de Montréal. Je crève d'envie de rejouer cette musique, que nous n'avons pas travaillée avec cet orchestre-ci. Une musique nostalgique et chaleureuse, qui se souvient de la sérénade en mi de Dvorak qu'elle dépasse par moments.

Add. 2 (du 17 août) Ici d'autres photos (ni floues ni tremblées) avec un album complet consacré à l'orchestre

3 juillet 2006

Celui par qui le scandale arrive

Vu Home from the Hill, de Vincente Minnelli.

Un père volage (Robert Mitchum), une femme glaciale, un héritier peu dégourdi et un bâtard zen.

Deux décors de chasse: la forêt texane, qui borde ces marais toxiques où il ne faut pas se laisser entraîner; le bureau du père, avec son fauteuil couleur de sang et une cheminée dans laquelle on peut bien tirer. Un film en or et rouge, sec et cruel.

29 juillet 2004

anciens et pédés

Dîner d'anciens de mon école, pédés; ça faisait un bail que je n'étais pas allé à un de ces dîners d'anciens.

Tout d'abord, un peu affolé de voir que j'ai assez largement oublié certaines caractéristiques de base de la scolarité de cette école.... alors que certains gardent la flamme du souvenir avec une piété inébranlable...

Grande variété d'âges (deux mecs de promos des années 70, d'autres plus proches de ma promo- la 87, il s'agit de l'année d'entrée- enfin, quelques mecs beaucoup plus jeunes, notamment un doctorant), de looks, de jobs (je suis minoritaire à travailler dans le privé, il y avait surtout des chercheurs, des fonctionnaires et même un gendarme....) et de situations conjugales (notamment un couple de mecs, A et B, A non pacsé et B pacsé avec un autre mec....amusant, non ?).

Amusé de voir l'unique pièce rapportée de la table, un prof de français pimbêche et mignon, jouer la comédie de la panique et de l'ennui au milieu d'une tablée de scientifiques. J'ai évidemment abondé dans son sens, tout en étant certain d'avoir été inclus dans la critique collective.

J'ai toujours le sentiment que l'homosexualité n'est pas un lien suffisant pour vraiment souder ce type de cercle d'anciens (par rapport à, disons, la musique....). C'est très bien qu'on se retrouve autour d'une table, mais ça ne va pas beaucoup plus loin, en termes de démarche militante. Nous sommes une cinquantaine sur la mailing list, une vingtaine à avoir manifesté de l'intérêt pour transformer cette mailing list en association....C'est peu par rapport à des promos de 300/400...

-Et pourquoi t'en fais pas, de la pub, zvezdo ?

-PARCE QUE....

 

28 décembre 2005

la saveur de la pastèque, de Tsai Ming Liang

Vu la saveur de la pastèque, de Tsai Ming Liang. Garanti 0% judéo-chrétien, ça repose. Les garçons avec des bouteilles d'eau, les filles avec des pastèques (l'inverse peut conduire à des catastrophes). La dernière demi-heure (toujours longue chez Tsai) est ici franchement pénible ; elle se conclut dans un accouplement mi-sublime mi-grotesque. Ravi d'avoir des nouvelles de Lee Kang-Sheng ; dans ce film, c'est un acteur de porno portant le bouc, qu'on aperçoit parfois habillé (ci-dessous par exemple).

21 mars 2004

Triple agent, d'Eric Rohmer

Triple agent est un film magnifique, aux résonances multiples que je ne vais pas déflorer ici. Il m'a avant tout rempli d'une grande mélancolie. On y a, plus que dans tout autre film de Rohmer, l'image (renoirienne ?) de personnages qui s'agitent pour des motifs obscurs avant de disparaître. L'épilogue est à ce propos d'une sécheresse terrible.

C'est aussi le portrait bouleversant d'une femme, sensuelle, rieuse, aimante, fragile.

Il faudrait parler des couleurs, des oubliés de l'Histoire, d'un Barbebleue qui réussirait à convaincre sa femme, de la façon dont on prononçait fascisme avant les années 70. J'arrête là, je m'en voudrais d'être plus pédant que pédé.

4 octobre 2009

Varèse à Pleyel

Marathon Varèse, II (j'ai raté le I). 

360°C en 2h40 avec pause, c'est un peu comme un programme de machine à laver, avec une phase à très haute température (Arcana) et un essorage final (Déserts et le Poème Electronique). C'était plus festival d'Automne tu meurs donc 1) c'était plein à craquer de mamies FORCEMENT extatiques 2) il y avait les polémiques moisies dont personne n'a rien à cirer mais qui excitent les foules (la robe de la soliste était-elle VRAIMENT ridicule? la vidéo était-elle VRAIMENT à chier?). Côté musique, le principal intérêt de ce concert était de donner à écouter des oeuvres qu'on entend rarement (Déserts: une première pour moi) ou jamais (Nocturnal ou Etude pour Espace, orchestré par Chou Wen-Shung). Emballé par Nocturnal et EcuatorialNocturnal est la dernière oeuvre de Varèse (inachevée), c'est un cycle pour soprano, choeur d'hommes et orchestre sur des textes de Michaux et Anaïs Nin, une très belle musique nocturne et atmosphérique. Ecuatorial, c'est une autre atmosphère, un texte d'invocation extrait du Popol Vuh, pour un choeur d'hommes, huit cuivres, piano, orgue et deux thérémines (qui comme les lecteurs de ce blog le savent votent Obama; bon en bref, c'est une espèce d'onde Martenot en plus petit et plus agile dans les miaulements- une sorte de violon, quoi). Ionisation a été aussi un très beau moment (qui finit par les cloches et le piano - traité comme un instrument rythmique, le principe étant de mettre des coups sur le clavier avec tout l'avant-bras). En revanche, j'ai eu l'impression d'avoir raté le rendez-vous avec Déserts (saturation au bout de 2h20 d'éruptions des cuivres? austérité et complexité de l'oeuvre?) Attendons de voir ce que mes petits camarades blogueurs ont pensé de tout cela. (Add: ici, ici, et ici)
24 octobre 2010

Gardiner dans Schumann (avec une tranche de Brahms)

Concert Schumann, avec une tranche de Brahms au milieu. Sir John avec sa dégaine hulotienne, tout droit sorti d'un dessin de Daumier. Avec l'orchestre révolutionnaire et romantique (qu'on a souvent entendu à l'Opéra comique ces derniers temps). J'aime bien les cordes - avec un vibrato parcimonieux, le travail sur la ligne, intéressant, ressort bien; mais les vents sont parfois moins tout confort; il arrive que les cuivres rappellent les vieux modems 56K, leurs miaulements apocalyptiques ET aléatoires avant la connexion. Avec ce genre d'engin, je préfère Schumann (avec ses sautes d'Humor) à Brahms.

  • L'ouverture Manfred comme le double concerto de Brahms commencent par trois accords tragiques qui signifient clairement qu'on ne va pas rigoler. Manfred, musique magnifiquement obsessionnelle, dissonances qui frottent, grand descrescendo final avec des accords aux cuivres pianissimo. 
  • Le double de Brahms, à vrai dire je n'en rafolle pas. Je commence généralement à sortir du coma dans le finale, où m'a un peu énervé cette façon de diriger hyper lentement les couplets (par exemple, à 116; nom d'un chien, ça n'est pas écrit qu'il faut diriger ça comme un poussah aux Indes, non?), mais globalement, c'était beau.
  • Magnifique Troisième de Schumann. Le troisième mouvement, pris très allant, est réglé comme du Elgar. Le finale: le bonheur du jeu. Avec des dynamiques très précises et des détails qu'on n'entend jamais. Par exemple, dans le premier mouvement, à 100, Gardiner fait ressortir le tougoudou des violons qui annonce le tagada de 110, trompette+ timbale (on dira ce qu'on voudra, c'est quand même bizarre). 

A la pause, je tombe sur Stéphane (qui me parle de Caledonia); sa belle-mère ressemble incroyablement à son mari (il y a une certaine logique à cela). En bis, mouvement lent du concerto pour violon de Schumann. Une musique qu'on n'entend jamais, et on comprend bien pourquoi.

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